- perles du rp.

ce garçon, océan s'en est épris avec secret. d'une dilection étrange, qu'on réserve à la pudeur et la discrétion. de regards en coin pour parvenir à dessiner, paupières closes, les courbes de son visage, de son sourire. pour le chérir, comme il n'a (pour sûr) jamais chéri quelqu'un. c'est une brûlure étrange que de songer aux jours d'atlas, une chaleur indolore qui embrase son palpitant. le regarder lui, c'est oublier, le monde, les autres. effacer les passions ravageuses et les coups de cœur consommateurs qu'il prenait pour acquis. les erreurs de jugement, qu'ils l'ont broyé jusqu'aux abysses de son âme et qu'il tend - désormais - à annihiler. s'il a cru un jour maîtriser la passion, ce n'était rien à côté du tourbillon qui l'agrippe chaque fois que l'autre entre dans son champs de vision.  cela ressemble à un big bang affolant, une dilatation rapide de l'univers pour une silhouette qu'il effleure ( de loin ) mais n'aborde pas. jamais. jusqu'à cette nuit. trop noir pour appercevoir correctement l'horizon et avec, le voile céleste qui s'étend. trop mais assez pour faire marche arrière, annuler le mouvement de ses jambes, de ses bras. la distance, celle qu'océan a pris soin de grignoter se résume désormais à rien. s'il est en mesure de le lire, de le dévorer si bien de loin, qu'est-ce qu'une dizaine de centimètres pour le bleu de ses yeux ?
il regrette, son myocarde, l'audace de l'instant. lui non. pas encore. pas tant que subsistent les relents de jägermeister pour échauffer ses sens.
le silence, le blond peine à le percevoir. comme tout le reste.
il n'y a qu'atlas.
la carrure d'atlas. le mystère d'atlas. et maintenant son sourire.
ne me fais pas ça, cris son palpitant.
il ne sait pas, ne se doute pas de ce qu'il ressent.
reprend-toi.
il se reprend et glisse quelques boucles blondes derrière une oreille, caresse son super 8, bouclier de fortune - pour ne pas vaciller. la terre plate, sous son poids, ressemble à du coton. un rassemblant de cumulus, mélange d'angoisse et de tendresse.
il n'est pas bavard.
océan se meurt d'envie de dire qu'il sait.
qu'il sait déjà tout ce qu'il y a à voir.
moi non plus, tu sais. sa voix bute à peine. il maîtrise du mieux qu'il peut chacun de ses octaves. pour ne pas avoir l'air stupide. pour ne pas le faire fuir (après tout, la villa est sans doute remplis de mieux. mieux que lui, et donc mieux qu'eux) je m'appelle océan. ses doigts s'accrochent au sien, esquisse un sourire délicat pour répondre à l'écho qu'il trouve éblouissant. o-c-é-a-n comme dans un film français. je suis enchanté, atlas, de te rencontrer. il a un accent d'ailleurs, de celui qu'il n'est pas mais qu'il incarne bien malgré lui. un loin d'ici, qu'il espère imprimer sur la peau de celui qui semble accepter sa compagnie. son touché est électrique, le blond craint d'oublier ce frisson s'il venait à le lâcher mais les secondes défilent. la poignet de main de grand homme, chaleureuse d'abord, se mue doucement en chose étrange.
faut le lâcher.
(retiens moi)
il le lâche.
le froid est déjà là.
pourquoi t'es là ? est-ce qu'il a le droit, de demander de ça ? de s'inquiéter de le voir, si loin de la houle, de la foule qui ne le comprennent pas, comme lui le comprend. ça ne rassure dans le fond, qu'on ne s'intéresse pas à lui.
le jour où des gens l'observeront comme lui le fait,
ils s'en empareront.
et océan ne pourra plus jamais, jamais l'aimer silencieusement.