la misère est si belle (délai 21.12)

blue. le ciel s’étend au-dessus d’eux, infini, intouchable, à l’image de ses rêves qu’il attend de pouvoir toucher. sa main s’étend devant lui, aussi haut et loin qu’elle peut, et il soupire. les yeux encore innocents fixent la voûte céleste, mais c’est l’image de son ami qui lui remplit l’esprit. un jour on partira d’ici, miles. purple. papy, il est toujours souriant, toujours de bonne humeur, pourtant ses sourcils se froncent quand il voit les ecchymoses sur le corps et il tire yun à part pour s’assurer qu’elles ne viennent de rien de grave. ses mains ridées et usées ne se lassent pourtant jamais de les soigner. alors quand papy disparaît, les blessures s’entassent. brown.  c’était sa couleur préférée, à lino. marron, comme les yeux de sa maman, comme son parfum de glace préféré, comme le chien qu’il avait, plus jeune. marron, c’est la dernière chose que yun voit d’un de ses meilleurs amis, quand la terre l’ensevelit sous les pleurs de ses proches. la promesse d’ailleurs l’a happé et ne l’a plus jamais rendu, et yun comprend que ce jour-là, les espoirs de retrouver ce qu’il avait ont été enterrés aussi. orange. les cheveux qui se teintent, brûlants comme le feu qui consume son être. c’est le masque qu’il porte pour faire face au monde, un signe de sa colère, geste de révolte. parce qu’au final, c’est le seul changement qu’il peut se permettre ; parce qu’au final, sa vie est condamnée à être la même, vouée à l’échec. grey. et tout est pareil depuis. la ville n’est plus qu’une masse décolorée, plus hideuse encore qu’avant. la fumée de ses clopes s'élève et se mêle aux silhouettes de bâtiments. perché sur sa colline, yun s'appuie contre la caravane du vieux steve qu'il a retapée. et il les regarde tous de haut — ceux qui lui ont volé ses rêves, ceux qui n'ont pas pu vivre les leurs, tous. roi de son propre monde, exilé du leur, chaque soir il se redonne de l'importance le temps de quelques taffes. et au fond, il espère encore le voir revenir de là-haut.