slave only dreams to be king (reece)

— teen attitude, teen problems.
coups et blessures
ça se finit toujours comme ça. papa frappe, maman pleure. toi t'es avec tes frères et ta soeur sur les marches de l'escalier, t'as les doigts qui se crispent sur la rambarde quand t'entends les gifles filer. ça a l'air de faire mal, mais personne ne l'arrête pour autant. tu sais plus quand ta famille a déraillé, ça commence à faire. et là c'est pire que tout. y a maman qui, les matins, passe des heures dans la salle de bain pour camoufler ses bleus, et papa qui masse ses mains toutes enflées. et toi t'es là, t'as la rage mais t'es un morveux face à ton paternel. t'as déjà essayé, t'as fini plié en deux. c'est là qu'il t'a acheté ton nouveau téléphone, la dernière sortie d'apple, tu sais. t'as les remontées amères quand tu déverrouilles ton portable, qui te rappelle à chaque fois la colère noire de ton père. ce soir, papa est encore énervé. pas ivre, simplement en colère contre le monde, contre une mère trop douce et trop peureuse. le peu de russe qu'elle a en elle énerve ton père. colérique, t'es un peu pareil au fond, et t'espères jamais faire ça à une femme. ce soir, papa tape fort, maman a plus le courage et tombe. t'entend juste la tête cogner, ta poitrine qui s'enflamme, mais tu bouges pas. tu prends ta soeur dans tes bras, bouche ses oreilles, c'est la seule chose que tu sais faire. ce soir, c'est la dernière fois que tu vois maman. ce soir, c'est le soir où papa file en prison. ce soir, c'est le soir où tu comprends que t'auras jamais la vie que tu rêvais d'avoir.

retour amer
et c'est aujourd'hui. t'avais appris à vivre sans lui, sans elle. juste avec eux, frères et soeur. y avait ton grand-frère pour veiller sur vous, ça suffisait amplement. mais y a un jour où tout revient. y a un jour où papa revient, et pas maman. maman, on sait pas, on dit qu'elle s'en est sortie et qu'elle est partie. y en a qui dise qu'elle est plus de ce monde. toi, tu sais pas. t'es toujours assis sur ces marches, les mains cramponnées à la rambarde. t'as toujours cet envie de vomir quand tu penses à lui, alors quand tu vois ses sales pompes qui entrent dans la maison des cauchemars, t'as des relents violents, des souvenirs durs. t'as même pas envie d'entendre ses faux pleurs, ses paroles sèches et sans saveur. il t'a jamais parlé, de maman. maman a qui il a fait mal. alors t'es là, face à un père que tu n'acceptes plus, une famille que tu rejettes en crachant ton venin. et tu fais semblant, à l'école, devant tes amis. tu fais semblant devant grace, devant tout le monde. t'as ce sourire vrai qui cache tes peines et tes douleurs.