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léo(nie) leroy FT. ELLIE MARTIN
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nom complet - léonie, joli prénom d'en-haut tronqué dans une vaine tentative de se réinventer et leroy, massacré en lee-roïe par les ricains indélicats. surnoms - frenchy, très inspiré. lieu de naissance et âge - léonie, ombres et mystères, est une enfant de l'hiver. née le premier janvier à l'aube d'un nouveau millénaire, présage heureux à présent écrasé contre le macadam. nationalité et origines - fille de la lune, du soleil et de la terre, léonie est de partout et nulle part à la fois. ses atomes se mêlent librement à l'herbe et aux étoiles, s'accrochent à la pluie ou aux fleurs et ça ne va pas plus loin. pourtant, elle est d'une ville magique, secrète, d'un pays à l'aura attirante. franco-américaine, parisienne jusqu'au bout des ongles. daddy est diplomate, ambassadeur américain en france et maman est française, ancienne ballerine devenue animatrice télé de premier ordre. malgré sa double-culture et une ouverture d'esprit incroyable, léonie ne s'est jamais sentie américaine et a en horreur tout ce qui constitue cette patrie arrogante, ce colosse aux pieds d'argile qui domine et écrase, aveugle à sa propre chute. elle, elle a la france chevillée au coeur et l'europe comme berceau, s'abreuve des légendes arthuriennes comme de nouvelle vague. malgré ce désamour organique, elle a passé tous ses étés ici, en californie dans la belle villa de granny. à santa barbara depuis - la rentrée de septembre. léonie, on l'a déracinée pour la sauver d'elle-même après avoir arraché toutes ses fleurs fanées. ce n'est pas une réussite, en revanche. elle a la mélancolie à fleur de peau la môme, les entrailles en charpie et ses airs mystico-mutiques et fort peu engageants n'aident pas à son intégration. occupation - lycéenne au lycée privé de la ville, encagée entre des barreaux dorés qui l'étouffent au moins autant qu'à paris. grâce à sa scolarité élitiste et à la pauvreté du système américain, léonie flotte, languide, au-dessus de sa classe avec l'aisance d'une danseuse étoile. appliquée sans être studieuse, elle se noie dans les activités péri-scolaires, redécouvre les joies du théâtre et l'art à portée de ses doigts.
situation familiale - schéma classico-classique, mariage de raison entre gens bien nés, fortunés et beaux à s'en damner. lui, fringuant trentenaire récemment télescopé dans ce pays qu'il idolâtre. elle, jeune étoile à l'aurore d'une gloire scintillante. il est subjugué par le petit rat d'opéra lors d'une représentation, elle est charmée par son accent et ses manières. ils s'aiment rapidement et convolent en justes noces pour éviter l'opprobre d'un enfant hors mariage. léonard vient trop tôt, léonie trop tard. papa et maman sont occupés, son frère entre dans la période compliquée de l'adolescence et la môme s'élève seule, branlante malgré des fondations d'or et de marbre. au sein d'un foyer trop froid, ses parents ont toujours fait office d'étrangers ... de vagues courants d'airs bienfaiteurs mais superficiels. léonard, lui, est son idole. trente ans, jeune médecin engagé dans l'humanitaire, ils correspondent à l'ancienne, par lettres interposées. c'est à lui et à lui seul que léonie confie les trésors abîmés que détient son palpitant tout en cachant précieusement ce qui fait trop mal, pour ne pas le faire souffrir. et puis la famille, c'est aussi granny, la grand-mère paternelle chez qui elle vit depuis la rentrée. une dame mondaine et fantasque, artiste peintre de renom à la maison toujours pleine de vie, de jeunes talents et de frivoles en déclin. la villa abrite aussi son oncle elijah, vedette de broadway expansive et capricieuse en "retraite spirituelle", son compagnon italien depuis plus de cinq ans et leurs mignons. léo, elle est mal à l'aise au milieu de cet océan de vie bouillonnant, elle à la distance française, habituée au feutré des beaux-quartiers, aux rêves écorchés contre les falaises de la réalité. situation financière - plus qu'aisée. léonie n'a jamais manqué de rien, quartier latin et tenues griffées, môme lunaire perdue au milieu du fric et des apparences. de sa bulle ouatée, elle n'a jamais cessé de s'envoler. ici aussi, elle vient s'encanailler en frôlant de ses opales toujours graves ce lycée public qu'elle aurait préféré. si elle élude toujours son statut social, elle a l'élégance ineffable au creux des os, la grâce inaltérable de ceux d'en haut et l'allure aérienne de ceux qui sont loin des réalités matérielles. statut civique - seule. depuis toujours et sans doute à jamais. léonie, elle ne marche pas au coup de coeur, au coup de foudre, elle fonctionne à l'aura qui aimante, au mystère de l'attraction quasi-céleste. derrière ses allures mutiques et ses regards gelés, léo aimerait s'unir comme les oiseaux : pour toujours. elle ne recherche pas un homme, pas un amant, mais quelqu'un capable de lire jusqu'à son âme et de s'y retrouver prisonnier volontaire. un partenaire. un égal. le sexe ne luit suffit pas, l'amour mièvre, chevaleresque, non plus. elle a besoin de plus, de cette connexion qui n'existe que dans les âmes soeurs, ces êtres sphériques divisés en deux par la colère divine et condamnés à chercher leur moitié perdue jusqu'à la fin des temps dans une souffrance innommable. mais ça, c'est la théorie ... en pratique, léonie elle aime se donner, tout te donner, s'abandonner. elle a la tendresse au bout des doigts, la poésie au creux de ses reins mais elle a toujours été baisée. par l'amour, par les petits cons qui ne respectent rien et surtout pas les nanas, par les hommes mûrs qui te promettent la lune et les étoiles et te laissent des bleus au coeur. léo, elle n'a que dix-sept piges mais le sentiment d'en avoir cinquante, d'être aride d'avoir été trop dispersée aux quatre vents. ils ont rarement été tendres avec elle, les hommes qu'elle a connus et ses deux seules histoires marquantes ont si bien tatoué son palpitant au fer rouge qu'elle s'est promis de devenir prudente, léonie. de ne plus saborder le navire jusqu'au naufrage en buvant les jolis mots, en s'esquintant contre les jolies peaux. elle joue la désintéressée, si bien qu'une rumeur court sur sa virginité, là où les françaises ont ici la réputation d'être des salopes. elle ne dément pas la môme, laisse courir pour se préserver derrière une fausse inaccessibilité.orientation sexuelle - hétérosexuelle jusqu'à preuve du contraire. traits de caractères - certains enfants naissent déjà grands, la gravité pour seule expression et le silence comme exutoire. léonie est de ceux-là, des sérieux, des cérébraux. des complexes. de ceux qui rient peu, oublient souvent de sourire et conservent à l'intérieur d'eux-mêmes de quoi s'occuper toute une vie. d'aussi loin qu'elle se souvienne, elle a toujours été adulte, dotée d'un esprit profondément vif, capable de comprendre le sens caché des choses, d'en saisir le palpable et surtout l'impalpable, les secrets, les mystiques derrière la valse des apparences et les mots onctueux des grandes personnes. observatrice et intuitive, c'est la fille lunaire éternellement dans son monde, celle qui s'est élevée quelque part entre bouquins ésotériques et les cartes de tarot cachés sous son lit, développant sa curiosité et sa soif de connaissances avant d'apprendre à se construire, à s'affirmer, se lier. elle est contradictions et paradoxes, léonie. figurine distante mais friable, drapée de neutralité malgré un coeur immense, de regards glacés, de pâles sourires et à la fois à fleur de peau, émotions torrent et sentiments exaltés à l'intérieur. provocants. elle est obsessionnelle, la môme, capable de se terrer des jours durant à n'effectuer qu'une seule tâche tant qu'elle l'aime, à se perfectionner, à apprendre, à comprendre. à chérir aussi, dans l'ombre de ses chimères. elle aime l'art, l'observer plutôt que le faire, ne brûle jamais mieux que sur les planches de théâtre et tatoue ses passions à l'encre de son coeur éthéré. léonie, elle ne cherche pas sa place car elle sait qu'elle ne se trouve nulle part, c'est ainsi qu'elle le ressent : elle ne sait pas composer avec le monde des vivants, le concret, le cartésien et se retrouve tout de même à devoir fouler la terre car son coeur bat et son cerveau palpite. léo, elle dégage quelque de fascinant, comme un mirage durable ou un éternel anachronisme. elle est douce mais sauvage, forte et vulnérable, salement romantique et pourtant froide et farouche ici, consciencieuse et maladroite, rêveuse mais fataliste, artiste et timorée, méfiante mais généreuse, indépendante et putain de dépendante à la fois, léonie est une contradiction, un paradoxe, une fille difficile à cerner, qui se livre peu sur ce qu'elle éprouve mais ressent pourtant au centuple. avatar - ellie martin. groupe - golden crown.
{ better lock it in your pocket }quelle est votre pire bêtise ? - léonie n'a jamais été rompue aux bêtises. enfant lunaire et distraite évoluant dans un monde imaginaire empli des couleurs divines de sa synesthésie, elle est de ceux qui ne prennent pas de place, qui dérangent peu, sauf dans les méandres de leurs esprits colorés. elle a beaucoup peint sur les murs, oui, mais exclusivement dans la pièce où trônait de minuscules chevalets à sa hauteur, réservés à sa créativité débordante. elle a volé un malabar, une fois, au bureau de tabac, juste pour ressentir une petite piqûre glaciale remonter le long de sa colonne vertébrale jusqu'au choc dans sa nuque. non, sa pire bêtise, elle la doit à ses mauvais jugements, son manque de discernement, une forme de naïveté cotonneuse propre aux mômes d'en haut, trop bercés dans du coton. à ses
fréquentations. sa plus grosse bêtise c'est kévin, petit caïd sans envergure qui venait dealer près de l'école privée. kévin l'enchanteur aux jolis mots, le premier a avoir froissé sa peau et goûté à ses reins. kévin qui est revenu si souvent, qui l'a conduite là où elle n'aurait jamais cru aller, poupée un peu trop mordue pour contrer les comportements abusifs. kévin avec son prénom à la con, sa gouaille de magicien et ses traits parfaitement ciselés au burin, qui lui donnaient envie de les redessiner du bout des doigts pour lui rendre ce que la vie lui avait arraché. léo, elle sait que la vie a été moche avec lui, c'est pour ça qu'elle n'a jamais cessé de se battre pour lui. contre lui. parce que c'était pas tout à fait sa faute, la violence qui l'effrayait, une poigne ferme contre son bras ou sa gorge ceinte pendant l'amour, et sa façon de la rejeter dès qu'elle le croyait un peu trop acquis. non, kévin il était paumé, c'est tout. léo n'a jamais compris qu'il n'était pas
juste paumé. qu'il était cruel, qu'il recherchait son ève à punir là où elle ne souhaitait que le sauver, qu'il était sans doute perdu trop loin dans les abysses, là où elle ne pourrait jamais le retrouver à moins de le rejoindre, de s'y enfoncer à son tour, toujours plus bas. c'est ce qu'elle a fait, pendant des années. abandonnant la danse classique qui tenait tant à maman, négligeant ses devoirs pour rejoindre des squats sordides.
jusqu'au point de non retour, jusqu'à la tentative désespérée de parents aveugles trop longtemps pour la sauver d'elle-même.
quel est votre plus gros mensonge ? - léonie, elle ne ment pas. elle portait son coeur en bandoulière et si dorénavant, elle le cache au creux de ses paumes, elle est franche, toujours, sincère jusqu'à la brutalité parfois, jusqu'à la fragilité,
souvent. tout ce qu'elle ne dit pas ne repose pas sous des litres de mensonges, non, ça flotte autour d'elle dans les brumes mystérieuses qui l'entourent toujours. léo, elle fait dans les non-dits et les silences, pas les mensonges. elle n'a pas menti, même avec
sa grossesse. elle s'est contentée de ne pas en parler, de préserver cet être minuscule au creux d'elle le plus longtemps possible, comme s'il allait s'évanouir une fois ce tendre secret partagé. elle savait, léonie, que personne autour d'elle ne serait heureux de ce qui la réjouissait, de ce qui irradiait d'un force prodigieuse contre son nombril. malgré ses seize piges passées, elle savait qu'elle deviendrait une maman formidable. que c'était écrit dans les étoiles, qu'elle conserverait ainsi toujours quelque chose de
lui, de son bourreau tant aimé. et puis le bonheur s'est envolé. le monde a refermé sur elle sa mâchoire et la pression sociale a écrasé ses épaules.
sois raisonnable, c'est la seule solution hurlait maman comme pour contrer les silences assourdissants de réprobation de papa.
tu m'reparles une fois de ce mioche j'te jure que j'te plombe susurrait l'homme tempête qui, après avoir fait de son palpitant une pluie de confettis tant de fois, se lassa de son jouet rafistolé. mais léo s'accrocha. elle s'accrocha à la vie, farouche et sauvage. lorsqu'elle dût être scolarisée à domicile pour cacher le scandale lié à son ventre rond, elle ne dit rien. lorsqu'elle apprit que son bébé souffrait d'une malformation, qu'il serait
différent, peut-être même
pas viable, elle refusa d'y croire. ne plia pas. plus ses parents s'opposaient, plus léonie persistait, protégeait la lueur à l'intérieur derrière ses paumes tremblantes. et puis, elle ne l'a plus senti bouger ... à près de sept mois et demi. il a fallu accoucher, d'un bébé décédé, remplir des papiers et l'inhumer tout en étouffant les ragots pour ne pas briser les carrières parentales. léo, elle a tenu longtemps contre elle ce corps minuscule au palpitant esquinté, elle a déversé des perles de pluie sur sa peau souillée d'elle et a serré sa main minuscule jusqu'à ce qu'elle ne devienne glacée malgré sa chaleur. juliette a une tombe loin d'elle, dans la campagne bordelaise là où maman a toute sa famille, pour ne pas risquer les intrusions de la presse. et depuis, léonie est à la dérive. elle a le palpitant en vrac et le manque d'elle tatoué partout.
quel est votre rêve le plus fou ? - léo, elle a les rêves déchus, les espoirs déçus. elle rêve beaucoup moins, lorsque la synesthésie ne s'invite pas contre ses paupières. mais son unique rêve,
le seul, c'est de tendre les bras et de voir juliette s'y lover. de clore les paupières, juste pour une seconde, et de les rouvrir sur le visage rayonnant d'une gamine chétive aux grands yeux marins.
comment vous voyez-vous dans dix ans ? - léonie l'éternelle rêveuse ... elle a désormais du mal à s'imaginer plus loin que demain. mettre un pied devant l'autre lui coûte, sa vie a un goût de cendres et même sa maladie s'exprime moins souvent. les couleurs sont plus pâles, ombres et fantômes davantage que divinités païennes et féeriques. elle s'imagine en france, léo, critique d'art ou comédienne de théâtre mais loin des foules et du succès. elle aimerait une vie paisible, près du cimetière qui abrite son ange. dans dix ans, elle s'imagine maman comme un pansement autour de son palpitant malade, déglingué d'avoir trop donné sans jamais recevoir en retour. elle voit léonard aussi, ce frère chéri, parrain de petits monstres qu'il gâterait un peu trop. mais ce destin aux allures de carte postale ressemble davantage à une chimère. il s'éveille au creux de la nuit mais tremble et disparaît sous la lumière de l'astre solaire.
{ don't tell anyone, or you'll be just another regret }(basquiat) Léonie souffre de synesthésie, elle associe la musique, les tableaux, les émotions ... à des couleurs. Chez elle, tout n'est que sensations. Les objets, les mots, l'art, les gens. Tout lui inspire des couleurs, une saveur éphémère sur la langue si présente qu'elle en devient parfois gênante. Elle a la sensibilité accrue des artistes et des filtres fantasmagoriques devant ses opales curieuses et le moindre élément de la vie quotidienne, le plus banal, le plus minuscule grain de poussière devient poésie, beauté, crainte. Léonie, elle a longtemps été raillée de ce don qu'elle a appris à murmurer à demi-mot. Que même sa famille,
surtout sa famille, ne comprend pas. Pourtant ils luisent de sa couleur préférée, comme un port d'attache. Le jaune éclatant, celui qui sent la vanille des îles et le sable chaud, celui qui réchauffe jusqu'à l'âme lorsque mamie virevolte dans sa villa éclatante ou que Léonard est soudain enveloppé d'un halo doré, presque divin. Papa et maman ne comprennent pas l'émotion qui la submerge lorsque sous ses yeux, ils se métamorphosent, électrisés par un jaune profond, positif, jamais entaché du vert billet ou du noir de la dépression. Et Kévin ... si
bleu, d'un bleu nuit, profond, majestueux, le bleu du ciel étoilé de Van Gogh alors que dans le sien, elles sont absentes et elle, elle aimait arracher les siennes, toutes celles qui se tapissaient sous sa peau, derrière ses sourires, et puis lui offrir, les coller sur sa voûte céleste pour la teinter d'argent comme le halo qui grandissait autour de lui, au fur et à mesure. Un halo argent devenu gris souris, puis métal, tranchant et glacé au fur et à mesure des coups portés à son coeur de gamine. Léonie, elle a vu Kévin sombrer, glisser vers le noir ténèbres qui prend en tenailles, comme s'il portait finalement son âme par-dessus le corps, à l'odeur rance, amère à en vomir. C'est peut-être ça, la teinte du cimetière des coeurs brisés.
Le néant, une couleur qui n'en est même pas une.
Ce ne sont pas les multiples consultations chez d'éminents spécialistes qui ont soigné l'enfant qui ne comprenait pas ce qui vibrait derrière le voile de ses paupières, mais les musées. Parce que la synesthésie dans son quotidien, c'était pas facile, douloureux. L'incompréhension, les jugements, les railleries et les vertiges de sensations, lors d'une simple balade dominicale ... c'était souvent
trop, pour la môme lunaire à fleur de peau. Alors très rapidement, les musées sont devenus un placebo, un refuge, un château de brume. Se balader au coeur d'une explosition de couleurs si forte, tellement plurielle qu'elle envahit tout l'espace, gonfle le coeur d'une frénésie nouvelle, d'un espoir léger ... c'était beau. Puissant. Léonie, elle a découvert l'amour de l'Art avant le reste et son plus grand regret reste son absence relative de talent. Elle, elle aurait aimé faire comme sa grand-mère Arabella, devenir une peintre reconnue, raconter des histoires à l'aide de son pinceau mais elle n'y arrive pas. Appliquée, déterminée, son coup de crayon est agréable mais ses esquisses académiques manquent de vie, ses peintures semblent figées, froides malgré les teintes claires ... Elle n'a pas
ce don et aucun travail ne saurait le lui offrir. Alors Léonie, elle rêve de baigner dans ce milieu, d'ouvrir sa propre galerie d'art ou bien de devenir agent artistique, critique d'art, peu lui importe tant qu'elle peut mettre des mots sur ses maux, raconter les couleurs et les émotions mieux que personne.
(hopper) Léonie, elle ne s'aime pas beaucoup. Elle a du mal avec ses traits poupons qu'on infantilise
toujours malgré sa gravité originelle et la fragilité qui luit dans le plus petit renflement de son corps trop mince de grande perche. Elle déteste sa maladresse constante et les hématomes qu'elle sème partout, quand ils ne sont pas écorchures. Elle est os et angles, Léo, et se rêve courbes sensuelles. Elle aimerait des seins, du cul, des hanches, au lieu des boutons de rose de sa poitrine qui tiennent dans le creux d'une main et de ses jambes ridiculement longues et fines, façon flamand rose. Elle déteste sa bouche toujours boudeuse qui lui donne des airs de collégienne un peu salope et ses sourcils immenses. Léonie, elle aurait aimé être jolie, être de ces filles qui inspirent les artistes ou font la poésie. Ou même plus humblement, de ces nanas qu'on séduit, qu'on désire vraiment. Léo, c'est
toujours le second choix. Celle qui ne plaît pas tout à fait mais qu'on prend par facilité, parce qu'elle est là, qu'elle a juste envie de t'aimer et que tu prétendes l'aimer en retour. Léo, c'est la fille sur laquelle on se rabat en soirée, quand les plus jolies sont déjà parties, c'est la bonne copine qu'on drague un soir de manque et qu'on oublie après avoir esquinté ses reins. Elle est banale, la môme, et elle se déteste pour ça. Elle a longtemps rêvé d'être une fille qui inspire quelque chose, féminine et enjôleuse, mystérieuse et fascinante. Alors la môme, elle noie son manque de confiance dans une assurance de façade, une neutralité exemplaire qui n'existe pourtant pas chez elle. Elle prétend que ça lui va, quand on l'embrasse sans envie, quand on la prend sans véritable désir, juste pour se vider les couilles ou en pensant à une autre. Mais la vérité, c'est que ça lui va pas.
Que ça fait mal. Léonie, elle aime faire croire qu'elle est insaisissable mais c'est une putain de connerie et tout le monde le sait, après quelques temps à la côtoyer. Si tu veux l'avoir, tu l'as. C'est aussi simple que ça et elle n'est farouche que dans les mots, comme un clébard qui aboie beaucoup mais ne mord pas. Parce que Léo, elle souffre d'une forme de dépendance affective. Elle s'attache
trop vite, elle se plie en quatre, en douze, en mille pour te plaire, te conserver près d'elle. Tu lui donnes une phalange et elle s'accroche à ton bras. Elle est comme ça. Elle a soif d'un amour réciproque et total et peut faire flipper, dans sa volonté maladroite de bien faire, de trop faire, trop vite.
Léonie, elle tombe amoureuse comme on tombe d'une chaise sans jamais se relever. Et puis elle a eu
trop mal, malgré sa ligne de vie minuscule. Elle a décidé qu'elle en avait assez. Léonie, elle a le coeur de verre, entaillé de part en part tant et si bien qu'une main serrée autour risquerait de ne laisser qu'une pluie d'éclats brisés au-delà du réparable. A tout juste dix-sept ans, elle se sent déjà plus proche de la fin que du commencement, désillusionnée et triste à mourir depuis qu'un marionnettiste peu scrupuleux a joué trop longtemps. Alors Léo, elle tire la tronche, elle rase les murs, construit des barrières monstrueuses, infranchissables, entre elle et les autres. Elle apprend à se préserver, après avoir explosé en plein vol et ne veut plus entendre parler d'amour ailleurs que dans les arts qu'elle admire. Léonie, elle ne rêve plus à d'autres lèvres, d'autres corps, prête à sacrifier la beauté des ciels étoilés et l'odeur entêtante de mûre sauvage pour cesser de se noyer, pour se raccrocher à
quelque chose, au lieu de quelqu'un pour une fois.
Avec son coeur lourd et le goût de cendres entre ses lèvres, Léonie se sent terriblement éloignée des préoccupations adolescentes. Mais elle
essaye, sous l'oeil aimant de Mamie qui ne cesse d'arroser sa rose fanée.
(klimt) Léonie n'aime pas l'Art, mais
les arts et dans son cocon fortuné, rien n'était plus facile que de multiplier les activités pour remplacer artificiellement la solitude par la frénésie. La môme a essayé beaucoup d'activités pour se décider, elle voulait tout voir, tout faire, tout maîtriser jusqu'à réaliser que ses affinités et ses facilités n'allaient pas forcément de paire. Finalement, c'est le piano, la danse et le théâtre qui sortirent du lot.
Si elle a la musique dans la peau et les doigts tatoués de croches et d'arpège, la danse a été un apprentissage bien plus douloureux. Parce que derrière cette forme d'expression, libre et intense, silencieuse et implicite, il y avait maman et ses espoirs. Maman la ballerine talentueuse qui rêvait pour sa fille d'un destin proche du sien, mais mieux encore. Léo, elle voulait plaire à ses parents, recherchant leur affection avec un empressement désoeuvré. Alors elle a commencé comme tous les enfants, petit rat d'opéra si fière de son tutu et de son chignon sage, heureuse de s'imaginer dans Casse-noisettes, Cendrillon ou le Lac des cygnes avant de réaliser que la rigueur de la danse classique et l'autorité sévère de sa professeur ne lui permettaient pas de s'épanouir tout à fait. Trop rigide, la danse classique ne lui offrait pas l'abandon, le refuge qu'elle recherchait et très vite, Léo a manifesté le désir d'abandonner définitivement le tutu et les pointes douloureuses. Mais un désir implicite, tu, jamais dévoilé à une mère si fière de voir son unique fille suivre ses traces glorieuses. C'est à l'adolescence, consumée par les crocs d'un jeune loup contre sa jugulaire, qu'elle a négligé la danse comme le reste, subissant les foudres glacées d'une mère déçue. Ce n'est que cette année, au lycée, que Léonie redécouvre la danse. Le
plaisir de danser, de n'être plus tout à fait elle, une fois la musique enclenchée, mais autre chose. Une chimère, une illusion, un feu follet onirique ou une brise éphémère, douce et chaude. Danser, c'est sublimer son existence, son quotidien et s'oublier profondément, totalement au profit des sensations. Quand elle danse, elle ne pense plus, elle ne prétend plus, elle se contente de ressentir, d'éprouver et c'est si rare que ça en devient quelque chose d'enivrant, d'exaltant. Il y a quelque chose de thérapeutique dans la danse contemporaine, plus libre et artistique que Léonie découvre avec une extase singulière.
Elle qui rêve de gouaches et de toiles est pourtant faite pour les planches davantage que les musées ou la rue. Car là où elle brûle le mieux, depuis
toute sa vie, c'est au théâtre. Léonie a l'âme tragédienne qui vibre jusqu'à l'os, elle a les traits poésies et la verve vibrante. Elle porte en elle cette lueur prodigieuse qu'elle semble être la seule à ignorer et n'existe jamais mieux que lorsqu'elle s'oublie derrière une autre, armée de sa sensibilité à fleur de peau qui la transcende au lieu de l'altérer, une fois sur scène. Léo, elle n'est jamais plus renversante que dans la tragédie qui consume son âme et fait battre son palpitant. Elle est née pour les personnages mélodramatiques, elle sait les habiter mieux que personne elle qui connaît malheureusement
par coeurles affres qui les traversent.
Alors dorénavant, c'est seulement comme ça qu'elle aime l'amour, qu'elle l'accepte : sur scène, lorsqu'elle offre des sentiments qui appartiennent à d'autres.
(van gogh) (i) Léo porte de nombreux tatouages éphémères, peints à même sa peau, souvent astres et plantes.
(ii) Elle
fume, sans pour autant apprécier la fumée âcre qui souille ses poumons. Elle a commencé pour hanter les grilles du collège, où kévin venait souvent et a continué par habitude, corroborant le cliché selon lequel tous les français fument.
(iii) Léonie est une fille de la nuit. Loin du tournesol, ses pétales s'abreuvent de l'éclat céleste de la lune et elle s'épanouit mieux, dans le silence et l'obscurité qui l'apaise. C'est paradoxal, pour une môme tant marquée par l'éclat des couleurs mais elle préfère le crépuscule à l'aurore et les promesses qu'il souffle jusqu'à elle.
(iv) Elle ne croit en
rien et en
quelque chose à la fois. Si Dieu lui semble une aberration, elle qui vit avec un filtre fantasmagorique devant ses opales est incapable de rester de marbre face à la beauté du monde, face à l'inexplicable. Enfant esseulée, elle a développé un enthousiasme particulier envers l'astrologie, les runes, et encore le tarot. Elle est de ceux qui ont souvent des intuitions, suivent leurs impressions de
déjà-vu et notent scrupuleusement leurs rêves.
(v) Léo n'a jamais été sa classe sociale, son sol de verre - plafond pour tant d'autres - et les privilèges innés. Elle porte en elle cette culpabilité originelle et a longtemps essayé de se grimer en fille
d'en-bas, sans jamais tout à fait réussir. Elle aime les quartiers populo où la chaleur des coeurs chasse la misère, l'art qui fleurit dans la rue au moins autant que celui exposé dans les musées et si elle a toujours été acceptée (parfois raillée) dans les cercles de gosses de rien, elle n'a jamais réussi à en devenir une, à combler le précipice sans cesse plus large, en grandissant. Léonie sait qu'elle n'aura jamais de sacrifices à faire juste pour payer le loyer, elle n'aura jamais à rejeter ses rêves pour embrasser une carrière plus
réaliste ou à se noyer sous les crédits. Elle qui trébuche sans cesse contre la vie déteste pourtant cette facilité qu'elle ne mérite pas. Léonie à l'assurance vacillante souffre du syndrome de l'imposteur.
(vi) Couche-tard et lève-tôt, elle n'est fonctionnelle qu'après un petit-déjeuner gargantuesque copieusement arrosé de thé.
(vii) Sans cesse bouleversée par le
beau qui surgit sans crier gare, elle a toujours un polaroïd dans son sac à main, pour capturer ce qui la transcende. Elle possède aussi des filtres colorés, apposés contre son objectif si jamais une lueur danse contre ses prunelles.
(viii) Elle tient rigoureusement un journal depuis ses huit ans et possède des dizaines de carnets, chacun dévolu à un usage bien à lui. A Paris, un rayonnage entier de sa bibliothèque immense leur sont réservé.
(ix) Si elle peut paraître froide dans sa volonté de rester en retrait, Léonie n'a du fauve que la grâce, pas les griffes. Elle est tendre comme du beurre et douce jusqu'à son timbre qui bruisse délicatement entre les feuillages.
(x) Bien qu'elle n'ait pas besoin de travailler, elle donne des cours de français. C'est granny qui a soufflé l'idée jusqu'à ce qu'elle soit mise en place, pour l'aider à faire de nouvelles rencontres.
(xi) Elle n'est pas matérialiste mais très attachée à la valeur sentimentale des objets qu'elle possède. Rares sont ceux dépourvus d'Histoire et la perte de certaines de ses possessions engendreraient une grande souffrance. Celui qu'elle chérit plus que tout ? Le croissant de lune qui pend à son cou en pendentif et renferme quelques fils soyeux, de rares cheveux de Juliette, toujours contre sa peau.
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où l'avez-vous connu - une petite souris me l'a soufflé.
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