darling, i’m a nightmare dressed like a daydream (kaci)

— don't tell anyone, or you'll be just another regret.
portrait d’famille; enfant unique, pas d’fratrie pour t’épauler ou pour t’faire chier. t’ignores si être l’seul môme d’la famille storm est une bonne ou une mauvais chose. trio qui, à première vue, semble parfaitement équilibré. toujours bien fringué à l’apparence soigné, mais, loin des regards, l’portrait qui semble idyllique, presque envié, devient rapidement abstrait, terne et, surtout, pathétique. avec une mère sur ton dos depuis qu’t’arrives à faire plus d’trois pas d’affilés et un père presque toujours absent, trop occupé à bosser – et s’faire pomper l’manche par sa secrétaire. pris en flagrant délit, t’as pourtant rien dit et t’avais pas non plus l’intention d’le faire mais, c’con, il continu d’acheter ton silence alors qu’tu t’marres d’sa gueule. la vieille, t’es persuadé qu’elle l’sait, t’façon. elle vit dans l’confort, dans l’luxe. pourquoi tout gâché et risquer d’tout perdre pour un simple égard d’conduite? y a rien qui t’dit qu’elle fait pas pareil d’son côté, qu’elle remplace pas ses cours d’yoga par une partie d’jambe en l’air avec un jeune con. et, bien sûr, y a toi. kaci, l’mioche rusé, feintant une innocence cristalline aux yeux des deux adultes. poings qui s’referment aussitôt qu’ils tournent le dos, c’désir d’rébellion qui s’accroît à l’intérieur d’toi. t’es un peu l’gamin incompris ou, enfin, celui qu’on a pas voulu entendre, lui imposant toutes sortes de règles et d’valeurs qu’t’as jamais voulu. et, maintenant, ils sont encastrés en toi, incapable d’t’en débarrasser, t’es devenu c’que t’as toujours détesté; un storm. et c’est derrière tous ces mensonges et ces sourires hypocrites qu’vous réussissez à avoir l’air d’la famille – presque – parfaite. ✩ relation amoureuse; un peu plus d’trois ans qu’t’es en couple avec la même gonzesse. au départ, vous vous êtes mis ensemble par amour, parce que, ouais, tu l’aimais. enfin, tu l’aimais d’la manière qu’un gosse d’seize ans peut aimer. p’t’être qu’tu t’es précipité un peu trop rapidement, mais, à l’époque, t’étais convaincu d’tes sentiments envers elle. promesse qu’vous vous êtes fait d’jamais vous séparer, quoi qu’il arrive. promesse qu’vous tenez encore aujourd’hui, étonnamment. parce que, en trois ans, y a un tas d’trucs qu’ont changés et la flamme s’est éteinte. y a bien longtemps, d’ailleurs. t’aurais dû y mettre un terme dès qu’t’as compris, dès qu’t’as ressentis avoir une forte attirance pour une autre nana. mais t’as pas osé, t’as peur d’te retrouver seul, d’devoir affronter c’te solitude qu’tu fuis depuis des années maintenant. non, parce que la routine s’est bien installé entre vous, elle y est ancré, même, mais tu la connais bien, comme l’fond d’ta poche. avec le temps, t’as l’impression qu’c’est devenu rien qu’une amie. vous baisez même plus. c’t’à peine si vous vous touchez. alors qu’avec elle, l’autre… c’comme si t’avais appuyé sur play, l’film d’ta vie étant sur pause depuis bien trop longtemps. tu t’sens revivre, l’palpitant qu’explose dans ta cage thoracique chaque fois qu’tu caresses son corps du tien. t’as toujours eu des envies  d’ce genre avec d’autres femmes, d’nature un peu volage, mais t’as toujours su résister jusqu’à c’qu’elle débarque dans ta vie. elle, la meilleure pote d’ta p’tite amie. celle pour qui tu t’éprends d’plus en plus. ✩ parcours académique; toujours installé au fond d’la classe, concentré sur tous les p’tits culs d’tes camarades féminins qui s’dandinent sous tes yeux ou sur les commentaires qu’ton meilleur pote passent sur ces dernières. bref, concentré sur tout, excepté sur tes profs et l’cours en soit. t’façon, t’as jamais été doué à l’école. si t’es au privé, c’est uniquement parce que tes parents – ou ton père, plutôt – a largement les moyens de t’y envoyer. ça t’a pas empêcher d’redoubler une classe. et c’est grâce à ça qu’t’as fait sa connaissance. celui qui, aujourd’hui, tu considères comme ton bff depuis plus d’cinq ans. bff qu’a un faible sur ta nana, d’ailleurs alors qu’tu fais mu-muse avec la copine d’ta gonzesse. et, p’tit à p’tit, y a la bande qui s’est formé, qui s’est soudé. qu’a évolué dans un environnement d’hypocrisie, d’mensonge et d’cachotterie. vous faites semblant qu’tout va bien, mais y a des trucs qui vous chicotent davantage qu’vos résultats scolaires et vous appréhendez tous c’moment où qu’tout partira en couille. l’seul truc qu’occupe tes pensées parce que, ton avenir, t’y penses même pas. t’as aucune idée des études qu’t’as envie d’poursuivre, ni si t’as réellement envie d’poursuivre quoi qu’ce soit, d’ailleurs. tu t’en branles.