juste piquer une tête (melania)

18 heure.

L’été. le soleil transperce les nuages.
chaleurs étouffante, chaleur humide.
et jamal il n’avait qu’une seule envie, c’était de piquer une tête dans de l’eau chlorée. pas celle de la piscine municipale, elle était crade.

et il avait longtemps négocier avec un pote à lui pour qu’il lui file une adresse. une pool party dans les logements du sud. pas chaud au début jamal, se retrouver au milieu d’gosse de riche à moitié éméchés dans une piscine agitée.
mais au final, il était venu. avec quelques potes à lui. et c’était peut-être dans leur démarche ou bien inscrit sur leur front, mais ils n’avaient rien à faire ici.

mais ça lui avait sauté aux yeux comme un débris de verre. putain d’jardin, putain d’piscine, putain d’buffet avec bière et alcool fort dans des sots de glace pillés. ses potes étaient comme des lions en cage; la rivalité entre les deux lycées leur montait à la tête. à jamal aussi parfois, mais pas ce soir. il voulait juste profiter. regarder les filles dans leurs maillots de bain hors-prix et boire de l’alcool qu’il ne paiera pas.

le t-shirt est rapidement ôté, déposé sur une chaise libre. mais son estomac se tord; la preuve qu’il avait sauté l’déjeuner. plus rien sur le buffet. naturellement, il se dirige dans la cuisine en passant par le salon vide. il trouvera bien quelque chose à manger.

premier tiroir, paquet de chips en évidence. il fait comme chez lui jamal, sauf qu’ici, tout est multiplié. les rations d’bouffe, les meubles. il le chope et l’ouvre avant d’en fourrer deux trois dans sa bouche. des bruits de pas et le métis se retourne. déjà une excuse en tête. je m’étais perdu. ah c’est pas là les toilettes ? mais il retrouve bien vite son sourire enjoué lorsqu’il reconnait melania.

-« t’sais que la soirée a lieu dans le jardin ? pas ici ? mais bon, t’as d’la chance l’hôte est un bon pote à moi. il dira rien. »

et en réalité; il n’avait aucune idée de qui réellement l’hôte. jamal et ses belles paroles. ça passe ou ça casse.

l'été est présent. la fin de l'année scolaire a sonné. tant de raisons que pour faire la fête. assez pour que melania se laisse aller, une fois de plus.
faut dire que la demoiselle n'est pas du genre à se faire prier pour participer à ce type d'événements. elle est même souvent la première en entraîner ses amis afin d'y foutre le bordel.
ce soir n'échappe pas à la règle. elle a décidé d'enfiler son plus beau maillot. le noir dont son père a horreur. celui pour lequel elle s'est pris tant de réflexions dans les dents. celui qu'elle a acheté avec kenny quelques jours auparavant. sans doute sa façon à elle de provoquer le monde une fois encore.
elle a tout de même décider enfiler un tee-shirt par dessus et si celui-ci n'est pas resté bien longtemps sur ses épaules, son short en jean lui est toujours bien en place.
mel, elle se rend compte que la plupart des étudiants sont déjà bien éméchés. des sourires en coin, des sifflements et des murmures sans grande discrétion. avec les copines, elles n'y prêtent pas forcément grande attention. elles en jouent sans doute un petit peu.
et puis, la soirée se poursuit, les filles se séparent un peu. une dans la piscine, une au bras de son petit-ami, l'autre qui est partie dormir et celle qui se met à raconter des blagues débiles et lancer toutes sortes de jeu d'alcool.
mel, elle profite de cet instant pour s'éclipser et gagner la cuisine dans l'espoir de trouver quelque chose d'intéressant à boire.
mais, il semblerait qu'elle ne soit pas la seule à avoir eu cette idée. à peine a-t-elle franchi le pallier de la porte que la voix de jamal retentit dans la pièce. sourire aux lèvres, elle croise les bras en haussant les épaules.

- non, je l'ignorais. faut croire que mes parents m'ont mal éduqué. mais bon, si j'ai ta permission, ça devait le faire...

elle ne peut s'empêcher de laisser échapper un léger rire. faut dire que jamal, il est bien gentil mais, elle l'a cramé à des kilomètres. elle connait leur hôte pour un soir. un gosse de riche. un fils à papa. un type qui déteste les gens comme lui d'ordinaire. mais faut croire qu'il est trop occupé à draguer cette jolie blonde pour se rendre compte de leur intrusion. l'alcool y joue sans doute un rôle également.

- normalement, y a une bouteille de vodka dans le bas du frigo. si ça te dit, on peut partager ? à moins que t'aies mieux à faire autre part...

les chips, ça ne tait pas la faim.
une, puis deux, puis trois. jamal a l’impression de manger du sel sur du carton.
chips à la betterave, un truc des logements du sud.
dégueulasse en bouche; l’poids d’un gravillon dans son estomac.

et puis dans le fond, il s’en fou des chips. ce qui l’intéresse là, maintenant, c’est melania dans son bikini. c’est con mais son cerveau quitte le temps de quelques millisecondes son cortex lorsqu’il voit ses courbes. il s’en cache plus ou moins, jamal. ça dure le temps de quelques secondes, à peine perceptible avant qu’il remonte le visage; les yeux dans les yeux; son cerveau dans son cortex et ses lèvres en un sourire désarmant de nonchalance.

-« j’t’avoue que j’avais une piscine qui m’attendait. mais j’peux bien m’libérer pour d’la vodka. »

il souffle un rire, amusé. en réalité, il n’avait pas grand chose à faire. boire, s’faire éclabousser, calmer une embrouille entre ses potes et un mec d’ici et s’faire virer.
mélania elle venue comme une fleur pour changer ses plans. ça l’dérange pas vraiment dans l’fond jamal, au contraire.

le frigo ouvert, il se penche pour choper la bouteille en verre. ses yeux bruns inspecte rapidement le frigo. des boîtes bio et des sachets de légume. le métis souffle.
ça sonne comme une déception. il s’attendait à mieux jamal de la part de cet hôte surtout.
des muffins comme dans la série que sa mère matte. c’est quoi déjà le nom ? desperate housewife ou une connerie du genre. ouais, jamal s’attendait vraiment à mieux.

il ouvre le bouchon de la bouteille déjà entamée, et boit une gorgée au goulot. ça brûle, de sa gorge jusqu’à sa trachée. l’habitude de cette sensation ne l’fait pas vraiment grimacer. mais c’est meilleur quand c’est coupé. y’a pas un jus d’fruit qui traine ?

jamal il tend la bouteille vers mélania son p’tit sourire au milieu du visage.
mais il se stoppe, comme ça, d’un coup.

-« ah merde. madame préfèrerait un verre peut-être ? j’ai bu à la bouteille en plus. j’pense ap qu’tu sois du genre à mélanger ta salive avec n’importe qui. »

ça sonne comme une moquerie. mais plus à une taquinerie.

les filles, elles sont sympas. mais parfois, elles partent en vrilles et mel, elle se retrouve toute seule comme une conne au milieu de la soirée. elle apprit les gens, elle apprécie l'alcool, la musique. c'est juste qu'elle n'a pas prévu de moyen de transport si ce n'est son skate, planqué dans une chambre à l'étage. alors, elle se dit que si elle picole trop, elle se retrouvera coincée ici. c'est peut-être pas la meilleure idée du siècle. surtout que la plupart des invités sont déjà bien stone.
sourire aux lèvres lorsqu'elle aperçoit jamal dans la cuisine, elle met enfin le doigt sur une occupation intéressante. elle lui propose de passer un moment avec elle. en tête à tête avec la bouteille de vodka. le jeune homme, il a d'autres plans mais ça, elle s'en fiche mel. elle s'en fout parce qu'elle a décidé que les choses se dérouleraient autrement.

- on peut toujours faire les deux...

qu'elle propose en haussant légèrement les épaules. léger sourire qui se dessine sur son doux visage tandis que ses yeux détaillent le corps du jeune homme. ouais, bien plus sympathique en soirée qu'à l'épicerie. les soirées piscine devraient exister toute l'année. et au moins une fois par semaine.
mel, elle s'aperçoit assez rapidement qu'il cherche autre chose. et puis, elle se rappelle qu'elle l'avait trouvé avec un paquet de chips à la main. sans doute la faim. après tout, c'est ce qui vous pousse le plus souvent à vous rendre dans la cuisine.
elle le laisse patienter un instant. l'observe en train de boire puis, hésiter. à quoi ? lui donner la bouteille ? rire qui s'échappe malencontreusement. elle lui retire la bouteille des mains.

- ah ouais? tu me prends vraiment pour ce genre de filles?

elle le questionne du regard un court instant avant de boire une première gorgée. le liquide glisse le long de sa trachée, laissant sur son passage un touche amer. ce n'est pas très agréable mais, ça fera l'affaire.
la demoiselle pose la bouteille sur le comptoir, contourne le jeune homme pour gagner les placards de cette baraque qu'elle connait peut-être un peu trop bien. elle se hisse sur la pointe des pieds pour ouvrir la première porte. pas facile.

j'pense que ce que tu cherchais avant mon arrivée se trouve... là-dedans. le palace de la mal bouffe.