ya, it's ok. [deva]

journée presque achevée. l'astre solaire des cieux disparaît lentement de l'horizon pour laisser place à une voûte céleste bientôt complètement sombre où seule la lune sera source lumineuse. mais les rayons du soleil continuent d'influer dans les rues, pour quelques minutes ou peut-être quelques heures. deva, elle est là, perdue dans le paysage. les mains enfoncées dans les poches de son jean et la capuche de son sweat-shirt couvrant son crâne. elle se balade, d'une balade ne possédant aucun sens, aucune destination finale prédéfinie dans sa tête. elle se contente juste de marcher pour occuper son esprit bordélique et le vider de toutes les réflexions s'y infiltrant. le besoin vital de s'échapper de la maison où une énième dispute a éclaté avec une telle intensité que les murs tremblaient sous la violence des mots s'échappant des lèvres des parents. à nouveau, elle n'a rien compris à la situation, deva. elle ne comprend jamais. ou peut-être qu'elle ne veut tout simplement pas comprendre. elle ne sait pas vraiment, un peu perdue dans la pensée d'un monde tellement stable qu'elle voudrait retrouver, mais qui n'est plus qu'un tas de cendres envolé. une simple illusion enfantine. alors d'une pulsion qui l'a pris, elle a fui. elle a pris ses jambes à son cou pour ne pas continuer à être témoin d'une scène incompréhensible ne possédant aucun sens logique à ses yeux. et parce qu'elle est fatiguée, lassée de cette atmosphère tellement pesante qui règne dans les pièces d'un foyer autrefois chaleureux.

puis d'un coup, y a la pensée d'un refuge qui s'infiltre dans ses songes. un lieu où personne ne viendra la déranger, personne qui la trouvera en haut de cet immeuble. et c'est ce qu'elle veut, être seule un instant pour tenter de remettre de l'ordre dans sa caboche. mais ce n'est pas un semblant de paix qu'elle trouve en arrivant. dès qu'elle arrive dans cet endroit qu'elle pensait désert, elle la voit. l'âme sombrant dans les ténèbres sur le bord du vide prête à faire le saut de l'ange pour abréger ses souffrances. son coeur loupe un battement à la vision de cette scène irréaliste. elle a envie de croire que ce n'est que son imagination. une sorte de scène irréelle dont elle est spectatrice. mais c'est réel, une réalité cruelle preuve de la mocheté du monde. elle hésite, hésitation de l'action à effectuer et des dizaines de scénarios possibles se jouent dans son esprit. qu'est-elle censée faire ? elle ne sait pas. elle ne sait même pas quoi lui dire. parce que deva, elle est plus douée pour gueuler avec acidité sur les plaies ébréchées que pour les apaiser avec la douceur des mots. pourtant, son corps agit avant même que les informations montent à sa cervelle. pas rapides qui se dirigent jusqu'à l'étrangère, mains qu'attrape la sienne la serrant de toutes ses forces pour la retenir de faire un mouvement de plus en direction d'une mort bien trop proche. elle tente de ne pas être brusque même si l'envie de la tirer contre elle pour l'éloigner du vide immense démange le bout de ses doigts. elle est consciente au fond d'elle qu'elle ne doit pas agir de cette manière, qu'elle ne peut pas juste agir sans réfléchir cette fois. sa tête se soulève pour planter ses prunelles claires de vie dans celles sombres de mort. elle a l'impression d'avoir déjà vu ce visage. un sentiment de familiarité qui la prend. jusqu'à ce qu'elle se souvienne. elle la connaît. brièvement. mais elle la connaît. des souvenirs défilent dans sa tête de cette soirée où elle possédait un peu d'alcool dans le sang lui donnant encore un peu plus de courage qu'à la normal. elle se souvient, deva, de cette fille. et ça la pousse encore plus à resserrer l'emprise de ses doigts contre son épiderme. je peux savoir ce que tu comptes faire là ? question débile qui roule sur le bout de sa langue. elle sait que c'est complètement idiot. mais au moins, ça la fera parler, ça la distraira de son objectif. jusqu'à ce que deva trouve la manière de la faire redescendre, de lui insuffler un peu d'envie de vivre. juste un peu, juste assez.