out of touch :: romy

une main dans la poche du pantalon, la veste de costume col châle laissée ouverte à mi-chemin entre la recherche sophistiquée et la décontraction mesurée, sohan écoute ses parents s'émerveiller de l'initiative de lycéennes, congratulent à tout va ce qui leur semble être l'idée de l'année pendant que lui reste docilement muet. pas qu'on attende de lui la moindre réplique, parce qu'on s'est fait depuis longtemps à cette version sans dimension acoustique, le sens de l'observation plus aigu que celui de la parole. la main de sa cadette s'enroule brièvement à son bras et il croise dans son regard tout l'émerveillement d'une première année qui adule le club de vertu sans oser les approcher à moins de dix mètres en temps normal. seulement la charité à bon dos, et miss romy ambition wilson a du juger qu'elle était en mesure d'arracher avec un doigté qui n'appartient qu'à elle un chèque à sa convenance pour la cause qu'elles ont décidé de mettre en avant ce soir. il salue le challenge, ne doute pas qu'elle puisse tout réussir, même ça, mais réside un doute dans l'accomplissement du miracle. importe seul pour lui le bonheur de sa sœur qui s'en sentira privilégiée et aura le sentiment de caresser son rêve secret d'en être pendant que lui trouvera sans doute un coin de mur pour y plaquer ses omoplates et attendre que le temps se déroule avec pour seule activité le va et vient des pupilles qui surveilleront ça et là. accrocheront sans doute plus souvent une chevelure flamboyante pour après retourner se perdre dans la masse. c'est un orchestre qui s'observe à distance et s'apprécie d'autant plus quand on cherche les rouages de l'organisation digne d'une ruche ; et déjà d'un coup d'oeil circulaire il cherche son point de retrait stratégique, pour finalement entendre sa cadette réclamer timidement qu'il les lui présente. les, ces filles qu'elle adule en silence de très loin. ça met un holà à son programme de distanciation. le constat s'accompagne d'un léger sourire pour cacher le soupir qui en découle, parce qu'il ne vit que pour l'invisibilité ce soir et qu'elle réclame tout l'inverse. un plus tard susurré à son oreille, dans l'espoir de se débarrasser d'eux trois pour au moins une dizaine de minutes le temps de comprendre exactement dans quoi ils ont mis les pieds. et déjà derrière lui ça continue sur le même ton émerveillé pour cette jeune fille ravissante qui doit être du club. sans grande surprise c'est romy herself qui les fait tomber en pâmoison sans qu'il puisse les blâmer de la trouver délicieuse dans son assurance souveraine. un faible pour ces esprits indépendants qui assument le devant de la scène avec plus de brio que la scène elle-même, ça l'a toujours laissé songeur. l'envie de s'éclipser n'a jamais été aussi forte, pour ne pas avoir à gérer les conséquences d'une rencontre digne d'un scénario catastrophe, parce qu'aucun adolescent n'apprécie de voir ses parents s'immiscer de près ou de loin dans des relations du quotidien, pas même sohan. et parce qu'elle semble gérer l'accueil, ou les remerciements, ou les public relations slash chèques, pour ce qu'il en sait l'esquive promet d'être difficile. "vous devriez aller vous chercher un verre." d'un geste bref du menton il indique une direction vague tant qu'il est encore temps de scinder en deux tranches d'âge la famille cadburry. pour sa part il se trouve forcé de prendre les devants, d'enclencher la marche avant pour capter romy avant ce que ça ne soit elle qui capte les parents, quitte à avoir la frangine sur les talons -quand bien même il l'occulte savamment, aptitude de frère patient inné. la détourner semble la meilleure idée qui soit, l'inviter à pivoter juste pour offrir son dos à ses parents – qui de toute façon, il n'en doute pas, la trouveront tout aussi charmante de l'autre face. il affleure à peine du bout des doigts son avant-bras, délicatesse légère à l'intrusion minimale pour qu'elle tourne vers lui. "romy." ça devient une habitude, de la croiser dans un semi-hasard guidé à des soirées, sauf que celle-ci promet d'être parfaitement civilisée sans animaux pour se frapper dessus. ponctué d'un sourire au demeurant discret mais sincère, il s'amuse de la répétition des situations. "il va falloir arrêter les invitations un jour, elles ne peuvent pas sans cesse surpasser la précédente en étant toujours plus étonnantes." ça n'a rien de personnel, il le sait, et ça n'affecte en rien la démarche puisqu'il préfère de loin, de très loin, l'impersonnalité qui lui offre toute la sérénité qu'on n'attende rien de particulier de lui. le regard dérive sur les noyaux de conversation qui doucement se créent pour ne pas accrocher avec trop d'insistance sur son interlocutrice. "divine." la soirée ? la robe ? romy ? au choix. tout est affaire de mystère léger avec sohan.