la mort aux lèvres. (hg squad)

Immergée dans l’océan de repentance à foison tu glisses d’une caresse exquise entre les cadres et les hommages entassés, aux prises avec l’envoûtement du mémorial tu te noies plus vite qu’à l’accoutumée, vague scélérate de regrets. Des proches apportent des fleurs, un sourire cousu sur leur visage ; ils se débrouillent pour que leurs larmes coulent à l'intérieur de leurs orbites. Toi tu rehausses tes deux billes moirées vers les figures de ce passé qui t’échappe, avide d’apprendre ce que cachent les blessures de chair. Mieux assimiler, s’en gargariser. Croire que s’approcher suffisamment suffira à combler les trous, justifier l’injustifiable. Jusqu’alors sa mort n’était pas plus qu'une onde souterraine, sismique, qui continuait d'agir sans aucun bruit. Désormais elle devient fracassante, flanquée d’un nom et d’un visage, d’émotions dans les voix qui tremblent en se remémorant ce qui a été et ne sera plus. Silhouette flottante tu vogues vers le sofa, t’y rejoins Lance et ses masques agités sous l’accueil du désespoir, des géniteurs en quête de réponse, prêts à se raccrocher au moindre substitut dans le but de divaguer sur leur joyau perdu. Mrs Roberts se met à parler. De ces bavardages pour ne rien dire où l'on apprend l'autre, où l'on guette la phrase qui favorisera la confidence ou l'arrêtera net, où l'on épie derrière la mèche de cheveux, le sourire qui s'économise ou s'épanouit. Ses commissures elles se dévoilent à l’énonciation du fils disparu trop tôt, les anecdotes deviennent averses et finissent par lui tirer des sanglots qui patientaient sagement au coin de ses paupières. Fatiguées d’avoir déjà trop versé. Tes propres remparts s’effondrent laissant perler sur ta joue diaphane un diamant aussitôt effacé d’un revers de main, entraperçu par sursaut il prend faussement des airs de chagrin quand seule la culpabilité t’inonde associable. Jamais apaisée elle devient rapace traînée inconsciemment avec toi comme une ombre. Dernières salutations brièvement achevées tandis que l’éclipse se fait pressante, presque urgente. Ne pas trop s’attarder au risque de vomir un flot de vérités dérangeantes. Tu dévales les marches du perron Lance sur tes talons, égarés dans un décor qui n’est pas le vôtre. C’est d’abord l’exil loin du Londres qui vous est familier, puis, la mélodie sourde de la conscience qui s’éveille. « Parle-moi… » un soupir qui s’échappe entre deux pas, tu coupes sa route et le silence devient de plus en plus dense, plane en une brume épaisse. Tes doigts viennent se lier aux siens dans un contact sédatif, sa paume comme asile, jusqu’à ce que les fragments d’éden t’explosent violemment au visage. Derrière l’horizon de ses mèches habiles tu rencontres les opales maîtresses d’Oz qui te figent statue de sel, regard acier et usuel qui se fond au crépuscule déchirant le ciel. Les spectres installés sur le capot attendent que vous les rejoigniez. Tu bouges pas d’un pouce. Désireuse de maintenir la distance entre eux et vous. « Vous venez présenter vos respects ? » ça suinte le sarcasme, le timbre est éteint pourtant, pas tout à fait décidé à amorcer la bombe à vos pieds. Explosera ? Explosera pas ?