look the moonlight with me tonight (natella)

Tes yeux bleus clairs regardant un petit écran de ton téléphone portable, tes cheveux blonds glissent lentement devant ton champ de vision. Tu soupires quand ces derniers te cachent la vue, puis tu les déplaces derrière. Bientôt, tu serais en vacances, loin de Santa Barbara. Mais ce n'était pas encore le cas, et tu es là, à rester sur ton lit, regardant les nouveautés sur internet. Tu t'ennuies vraiment, seulement le temps pouvait passer plus rapidement. Chaque seconde est plus ennuyante que l'autre. Tu aurais aimer jouer du violoncelle pour faire quelque chose, mais tu ne pouvais pas, Maggie avait une migraine en ce moment et tes mères t'avaient interdit d'en jouer alors que ta jumelle se reposait dans sa chambre à coté.  Tout le monde était occupé aussi, personne de libre pour sortir en ville, personne de disponible pour se poser dans un café et discuter de la vie, du lycée, et de l'avenir. Seule dans ta chambre. Il était pas là. Il était occupé. Même avec ton petit regard d'agneau tout doux, il t'a bien dit que ça serait impossible aujourd’hui. Et ton frère, parlons en de ton frère. Il était sorti voir Aspen, sa copine cheerleader qui était à Santa Barbara High. Tu ne l'aimes pas trop cette fille, tu préfères largement Bee voilà tout.  En même temps, Beryl est belle, intelligente et ne couche pas avec Pluton alors qu'elle sort avec quelqu'un qu'elle dit aimer. Mais chut, c'est un secret, ou plutôt, des rumeurs que tu as entendu dans les longs couloirs de l'école.  Tu sais qu'il ne faut pas croire les rumeurs, mais celle-là semble tellement réelle que tu n'apprécies pas Aspen sans jamais lui avoir vraiment parler. Le roi du silence se termine par un bruyant claquement de porte. Intriguée, tu t'es levée de ton lit et descends en bas. Mais... Nate ? Il s'est passé quelque chose ? Tu regardes ton grand frère avec un air inquiété, et un peu surpris aussi.

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Quand Nate passe le porte de l’imposante demeure des St John, il peut pas s’empêcher de claquer la porte derrière lui dans un élan rageur, persuadé que les filles de la maison sont à l’extérieur. En quelques enjambées, il a rejoint le salon où il observe les informations de la journée défiler sur l’écran plat dernier cri, avant de se laisser tomber dans l’un des fauteuils – le plus grand, où il peut s’allonger de tout son long après avoir ôté ses chaussures. Sur le dos, il vient placer ses mains à l’arrière de son crâne et fixe intensément le plafond. Il a l’esprit ailleurs, à quelques maisons plus loin, toujours dans le jardin des Byrds. Pour peu, il peut encore entendre les éclats de voix, celle de Bee mêlée à la sienne, il peut encore ressentir la tension, l’électricité. Quand il entend des bruits de pas au détour du couloir qui mène à la pièce, il est incapable de retenir le juron qui s’échappe d’entre ses lèvres, et se redresse aussitôt, la mine coupable. Quoi ? Il joue les innocents quelques instants, sourcils froncés, avant de se rappeler de la porte d’entrée, qu’il a volontiers fait claquer dans l’espoir de calmer ses nerfs. Ah, fait-il en faisant le rapprochement entre l’inquiétude de sa petite sœur et son arrivée bruyante au sein de la demeure. D’un geste de la main, il chasse cette histoire. Non, tout va bien, lui fait-il savoir en se décalant légèrement pour qu’elle puisse le rejoindre. Il a un moment d’hésitation – parce qu’il sait qu’en parler aux mecs, c’est mort. Elias, le seul membre des p’s qui ne lui rirait pas au nez, s’il lui confiant sa dispute avec Bee et l’effet que cette dernière avait sur lui, ne lui adressait plus la parole. Ou c’était Nate, qui ne lui adressait plus la parole. Ils étaient en froid, en tout cas. Discrètement, il lance un regard en coin à sa sœur et vient poser son pied nu au sommet de son crâne, l’esprit taquin. T’as pas envie de me faire un massage par hasard ? Il marque une pause, lui jette un nouveau regard, les yeux pétillants. Bee s’est envolée de son esprit, même s’il sait que c’est pas pour longtemps. T’sais que quand t’étais petite, t’étais mon esclave ? Tu faisais tout c’que je disais. T’étais la plus sympa. Maggie c’était une rebelle, quelle horreur, qu’il glisse, tout sourire. C’était la bonne époque. Celle où j’pouvais te faire croire que si tu me massais pas le dos, j’pouvais faire sortir le monstre de sous ton lit pour qu’il te dévore. Elle est moins crédule, maintenant, Mare. C’est pour ça qu’il sait qu’elle gobera pas son histoire de tout va bien, qu’elle va forcément lui poser des questions. Et p’t’être qu’il attend que ça, parce qu’il a besoin de son avis, même s’il l’avouera jamais à voix haute.

Le regard d’une enfant dans son âge croissant. L’évolution d’un être, quel est la vie qui passe. Elle passe son chemin, plus ou moins mouvementé. Le poids de l’avenir plus ou moins dur à supporter. Comme un fardeau, comme un sac de cailloux à porter sur son dos fragile de gamin. Des obstacles à franchir, un saut par dessus le torrent agité de l’adolescence. Certains tombent à pleins dedans, d’autres s’envole trop rapidement vers le futur alors que le présent crie à l’attendre. Tu regardes ton frère durant un instant, un moment où nos regards bavardent ensemble. Monsieur fait comme si de rien n’était, tu fronces les sourcils à sa réaction assez étrange. Tu compris ensuite qu’il ne savait pas pourquoi tu avais l’air peut être un peu surprise, sa main répond à la place de sa bouche. Un signe que tout va bien. Pourtant, son claquement et son premier regard ne te racontait pas cela, mais tu ne dis rien. Attendre le bon moment, une chose qu’on t’a toujours dit de faire. Maintenant, il faut savoir lequel est-il, ce bon moment. Si tu le manques, tu ne pourras pas le rattraper. Tout va bien, mais le monde ne va jamais bien. Est ce un mensonge de dire que tout va bien alors qu’on ne peut en être sûr ? Mystère de l’humanité. - Si tu le dis, menteur. Ce n’est pas que tu ne le crois pas, c’est que tu sais pas. Tu n’es pas dans sa tête. Seulement maîtresse de ton doux esprit d’enfant découvrant le monde à pleines dents. Ce " menteur " était sorti tout seul, à voir s'il allait réagir ou continuer son tout va bien attitude. Ton corps se met à bouger, à marcher. Un pas après l’autre jusqu’à la fin du chemin, tu rejoins le brun qui te sert de grand frère. Trois gamins. Deux bruns. Une blonde. Les gènes du géniteur se voyaient rien qu’à tes longs cheveux blonds. Plusieurs fois, tu avais pensé à changer. Chaque fois, tes mères te disaient qu’il ne fallait pas. Être unique dans une même famille, la force de la diversité. Le regard de Nate, et tout le reste, c'est digne de sa bêtise. Tu te recules un petit peu de lui, faudrait pas que ça t'approche. - alors, laisse moi réfléchir mais je crois que la réponse est non. c'est dommage pas vrai ?  Les yeux joueurs, mais aussi une remarque à son attention de ne pas essayer de gagner. - Arrête, j'étais pas ton esclave quand même, je rendais des services à la famille. Tu vois la différence ? Faut pas tout prendre pour ta petite personne Nathaniel. Un sourire pour qu'il voit que tu parles sur le ton d'un léger humour. Tu n'avais pas envie que la famille recommence à se détruire, pas une nouvelle fois s'il vous plaît. - Cette même époque où tu croyais que les extraterrestres venus de pluton allaient nous manger ? Les souvenirs du passé peuvent réanimer ceux du présent, créent ceux du futur. Toi, ce n'est pas te rappeler les moments de la cour de récréation que tu voulais, c'est apprendre la vie et ses problèmes, conjugué au présent.