last friday night (artemis)

lundi matin, 7h54. certainement trop tôt pour passer la grille d'entrée de golden oak private. cage dorée renfermant la progéniture des hommes et femmes les plus coincés de nevada city. enfants pourris-gâtés, ayant toujours tout eu. ayant tous gagné le ticket d'or menant aux portes du paradis ; champagne showers, virées nocturnes au volant de leurs jeep flambant neuves, et soirées indécentes organisées chez le premier dont les parents auront laissé la maison vide pour le week-end. parce que oui. there's something dangerous about the boredom of teenagers. quand la jeunesse dorée s'ennuie, elle débouche ses meilleures bouteilles et sort son herbe la plus chère du placard. miss davenport connaît bien tout ça. si on la cherche un vendredi soir, on la trouve généralement en train de commérer avec sa clique au milieu de la baraque de l'un des joueurs de football. parce que s'il y a une chose qu'ellie aime dans ces soirées, c'est bien les histoires et les potins qui ressortent de terre le lendemain, une fois le soleil levé et les foies lavés. quel meilleur moyen de contrôler tout son petit monde qu'en connaissant chaque petit secret, chaque dérapage mal contrôlé ?

et comment s'assurer de la véracité des propos qui lui sont racontés ? directement confronter l'intéressé. il serait trop naïf de croire que même les copines de davenport seraient épargnées. véritable princesse, elle s'avance dans les couloirs du lycée comme si elle participait au dernier défilé victoria's secret. son best hair flip histoire de diffuser l'odeur fruitée de son parfum. c'est en arrivant près de la première rangée de casiers qu'ellie aperçoit sa cible au loin. blondinette adossée à son casier, les doigts tapotant sur son smartphone dernier cri : sûrement en train de commenter un dernier post instagram avant de passer les portes de l'enfer. la brune s'avance vers artemis et se plante devant elle, tout en s'adossant contre le casier d'à côté. salut swanson elle lui sort, en mâchant son chewing gum à la menthe. alors, tu t'es remise de ce week-end ?

si les deux adolescentes n'ont pas passé la soirée ensemble, ellie, tel big brother, a évidemment réussi à choper les informations les plus croustillantes. et si elle a toujours été loyale envers artemis, ellie ne va tout de même pas faire la sourde oreille, et ne pas lui parler de ce qui lui est parvenu. et puis, la blonde s'est tout de même tapée son frère jumeau, alors les principes, ils ont été enterrés depuis bien longtemps. à ce qu'on dit, t'étais chaude comme la braise, j'espère que tu t'es refroidie depuis. ellie lui lance un clin d'oeil, comme pour édulcorer ses propos. mon frère, jules, nick et maintenant monroe ? dis donc, ça y va c'est l'hôpital qui se fout de la charité. enfin, c'est sûrement ce que risque de lui répondre swanson. mais en attendant, vendredi soir, ce n'est pas ellie qui a été draguer dixon.

@artemis swanson

Elle n’est clairement pas d’humeur ce matin. Elle n’a jamais aimé le lundi, qu’on s’entende, ni le matin en général, mais là, ça a été la lutte pour réussir à s’arracher des draps qui la retenaient, comme mués d’une volonté propre à la garder à l’intérieur. Elle aurait pu simuler un rhume, des maux de ventres, n’importe quoi. Mais en l’apprenant, son père lui aurait probablement envoyé un médecin à la maison, et le subterfuge aurait été levé. Entre ses dernières soirées, le fait qu’elle soit en froid avec Jules, ses dernières révélations à Liv qui l’évite encore, et la discussion qui l’attend avec son demi-frère, on ne peut pas dire qu’elle soit des plus enchanter à mettre les pieds dans ce lycée et de croiser leur tête, aux uns et aux autres. C’est donc sans conviction qu’elle se gare devant le lycée, la tête sur son volant alors qu’elle contemple encore l’idée de faire l’école buissonnière et de passer sa journée à errer en ville. Mais son père la tuerait, à tous les coups. Elle sort à contre-cœur, se dirige vers l’entrée. Elle aperçoit Liv au loin, et ça suffit à lui arracher le cœur une nouvelle fois. Entre le fait qu’elle se soit tapée son frère, et qu’elle ait apprit pour Rusty et elle, Artemis n’est pas sûre de réussir à retrouver son amitié un jour, et ça fait mal, de perdre la seule personne qui la connait réellement, sous toutes ses coutures. Le cœur qui saigne encore alors qu’elle ravale sa douleur pour n’afficher qu’indifférence, elle se dirige vers son casier, récupère quelques livres de cours avant de s’y adosser, téléphone en main pour errer sur instagram pour passer les dernières minutes qui lui restent à attendre avant la sonnerie. C’est plus fort qu’elle, elle ne peut s’empêcher d’aller fouiner sur le compte du Lancaster, qui affiche sa parfaite fausse idylle avec Juliet, et rien que de voir les photos elle a envie de les étriper, l’un comme l’autre. Elle est tirée de ses plans machiavéliques de vengeance par une voix qu’elle connaît bien, et qu’elle aurait préféré éviter ce matin. « Davenport. » Et elle sait déjà plus ou moins où elle va vouloir en venir. Parce qu’elle ne vient jamais sans raison, Ellie, toujours à grapiller des infos à droite à gauche, à chercher à connaître les moindres détails de la vie des autres, à fouiner. Artemis lève les yeux vers elle, lui sert son plus beau sourire, digne d’une pub colgate quand à l’intérieur elle a juste envie de lui dire de se la fermer. « C’est pour ça que les dimanches existent, non ? Et toi, t’as pas trop enchaîné ? » Parce que si elles n’ont pas participé aux mêmes soirées, elle sait parfaitement que la brune ne doit pas être en reste de son côté. La remarque tombe, suivit d’un clin d’œil, le ton léger quand en vérité, elle ne fait que mettre son piège en place pour mieux la coincer. Elle a l’habitude, de ce genre de commentaire, ne se laisse plus atteindre, préfère de loin en jouer et assumer cette facette. « T’en fais pas, l’idée de mettre les pieds au lycée, ça a le don de me refroidir instantanément. » Elle arque un sourcil à la suite, cette liste de nom qui s’étend, loin d’être complète, mais elle se gardera bien de la corriger. Et ça pique sa curiosité, de voir que l’autre semble atteinte par ses mœurs légères, quand elle-même fait pareil de son côté. Elle lui lance un sourire narquois, hausse les épaules avec désinvolture. « Et ? T’es jalouse ? Je peux te partager mes secrets si tu veux. » Let the game begin.