sales gosses. (bc)

tous les vendredis la même rengaine, la cloche sonne, tous se dirigent vers leur voiture, déjà prêt à rejoindre papa et maman, tous mais pas kara et quelques uns comme elle, qui ont trouvé le moyen de se faire coller pour le reste de l’année, au début c’était censé être une punition, maintenant c’est juste la routine, alors elle déambule dans les couloirs, son carnet de dessin à la main et pénètre dans la classe déjà presque complète. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] est délà là et kara en est presque surprise, andy c’est pas le genre à arriver à l’heure en classe et si elle a bien compris, pas le genre à arriver tout court, à croire que pour lui, être ici n’est pas un problème. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] est certainement la seule qui a droit à un sourire de sa part, kara a de l’affection pour elle, de la peine aussi, parce que devoir supporter les tentatives de drague d’andy, semble est un véritable calvaire. ensuite il y a [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], kara ne sait même pas pourquoi elle est là, pour autant sa présence ne la dérange pas, loin de là. ça fait parfois du bien d’avoir quelqu’un pour la distraire des belles paroles de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. jin, où son énigme personnelle. elle a beau chercher, elle ne sait pas ce qu’il fait là, dans ce lycée, papa est riche, sa place est dans le lycée privé et pourtant non, il est ici, à ses côtés, puisque c’est la table qui se trouve à sa gauche qu’elle décide de prendre, prête à supporter ses jolies phrases bien construites et à lutter pour ne pas lui décrocher un sourire, la seule raison pour laquelle elle ne l’a pas encore recalé c’est parce que sa belle gueule arrive à lui faire un petit quelque chose. en parlant de beauté, la dernière manquante fait son entrée au moment même où kara s’autorise de penser à elle, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], forcément elle a droit à toute son attention et si elle n'était pas dans une vie bien réelle, kara serait persuadée que la demoiselle arrivait au ralenti, aly est certainement la plus belle fille que kara ait pu apercevoir dans sa vie, malheureusement la beauté ne fait pas tout et cela on s’en rend bien compte quand la brune ouvre la bouche. « ok les gars, bienvenue en retenue, pas de connerie. » son regard se porte sur le pion qui récolte de la corvée du jour, pion qui quitte bien vite la salle pour laisser toute la petite bande livrée à elle-même, que la distraction commence.

Aujourd’hui, et comme la plupart du temps, elle fulmine. Aly n’a qu’une nuée de nébuleuses orageuses dans le crâne, et ce même pli qui se creuse entre les sourcils. Ce sont les heures qui s’enfilent avec une langueur épuisante, les êtres entassés dans les couloirs grouillants qui raclent les nerfs. Et plus que tout, la fatalité de la retenue qui se concrétise à mesure que le ciel s’assombrit. Une copie palichonne du banquet de l’enfer où presque chaque attendant ne représente qu’un amas de sentiments tortueux et crade. C’est ça, une heure qui, à l’instant où la sonnerie signifie qu’il est temps, épouse parfaitement l’aspect d’une réelle torture. La plupart du temps, celle qui a la langue si embrasé ne fait que de la figuration, avachie mal gracieusement sur la chaise la plus reculée, à entailler le bureau d’un tapotement énervant d’un bout d’ongle excédé. Ici, entre les fantômes du passé et les spectres du présent qui s’entrechoquent, il est bien plus stratégique pour elle de s’abstenir à un silence total. Pour une fois, elle se fait presque courtoise, en leur offrant son indifférence la mieux surjouée. Pourquoi ne pourrait-elle pas elle aussi s’enrouler d’artifices et s’inventer actrice, les nourrir de ces illusions grossière qu’elle s’en fiche. De lui, d’elle. Principalement. Après l’étape plus qu’essentielle de la cigarette grillée dans une stalle crasseuse des toilettes désertés et la saveur de la nicotine qui embrasse les lèvres éraflées, elle pousse finalement la porte de la salle. Du bagne, plutôt. Et évidemment, elle est la dernière arrivée, s’offrant comme un ignoble bouquet finale à la cérémonie qui s’annonce. L’oeil qui balaie évasivement la salle et s’attarde juste une seconde de plus sur Jin et Kara, et cette proximité qui malgré elle lui triture la bile. Très bien. Que grand bien leur fasse. "Vous devriez peut-être rester avec nous pour vérifier que je ne fasse pas de bêtises." Ton mielleux à en gerber, et un clin d’oeil aguicheur qu’elle adresse au surveillant qui s’est déjà presque éclipsé. C’est probablement l’habitude qui justifie l’absence de réaction de sa part. Le sac très vite déposé sur un des bureaux imbibé d’encre et de griffonnages jusqu’à la trame, elle vient s’échouer directement sur la table à laquelle est assis Andy. Mais avant même qu’elle n’ait le temps de le saluer, retard brutal à la réalité et la tête qui dodeline machinalement pour rencontrer l’auteur de la phrase. Toujours foutrement coincé aux côtés de Kara. Qu’est-ce qu’elle est douce la sensation de la jalousie qui grignote les boyaux. Et qu’est-ce que c’est encore plus sublime de ne pas savoir à la place de qui elle aimerait être. Sans gaspiller aucune salive, elle glisse la main dans son sac pour en extraire un vieux rouge à lèvres d’un vermeil sanguinolent et la voilà qui se dirige vers le mur le plus proche. Du bout de ses doigts brusques et si peu appliqués, elle parvient à tracer la silhouette de deux personnes, une masculine et l’autre féminine. Point d’orgue de son chef d’oeuvre, elle orne le bonhomme bâton d’une laisse tenue par la demoiselle bâton, sans oublier de griffonner les deux prénoms sous la représentation infantile de ses détenteurs. Pivotement des chevilles, et le doigt qui s’égare le long du gribouillage pour appuyer ses mots. "Kara, et son chien Jin. Plutôt ressemblant non?" Aly en oublie sa volonté de ne pas s’interposer ni faire glisser l’attention sur elle. Quitte à se retrouver coincée dans le typhon, autant batailler à l’oeil. N'est-ce pas?