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Dulcie Gutts
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MessageSujet: like wait for it (sohan)   like wait for it (sohan) EmptyMar 24 Mar - 15:19

what i mean is, have you ever felt the ache of swallowing starlight?
that cinnamon heartburn?
what i mean is, his name is a place set at the table of my tongue
because i learned love like wait for it.


Ses yeux flashaient des ne me laissez pas gyrophares qui sont restés soit incompris, soit ignorés. Les deux théories sont nécessairement abjectes. Dans l'une, elles la connaissent mal. Dans l'autre, elles s'en contrefichent. Par souci de négligence ou de traduction, Dulcie se retrouve sur le siège passager de Sohan. Techniquement, elle se retrouve plutôt dans l'interstice entre l'assise et la portière, localisée aussi loin de lui qu'il est physiquement possible de l'être dans l'habitacle sans se la jouer roulé-boulé commando sur l'accotement. Depuis que les doigts de Sohan ont frôlé son genou au démarrage —sa propre faute d'avoir été trop insouciante, d'avoir pris trop de place— laissant une langue de feu sur le nylon de ses collants, elle applique une politique du risque zéro. Le nez rivé à la fenêtre, elle utilise la vue comme prétexte pour s'éviter de tourner la tête vers lui. L'argument est relativement chancelant étant donné que le soleil s'est couché sur la verdure il y a plus de trois heures, mais le peu de décor rendu visible par les phares et le premier croissant fait l'affaire. Sa poésie, révélée au compte-goutte mais révélée malgré tout, est catégorique sur la question : Dulcie aime ses passions obscures. Avec un peu de chance, cela rendra sa posture crédible. Vaguement naturelle ; née de son tempérament à elle et non de sa proximité à lui. Et si le décor s'arrête à une esquisse d'asphalte grêlé et quelques cimes devinées dans la distance, elle tordra la métaphore jusqu'à en faire de la blackout poetry : n'est resté visible que ce qui compte vraiment. L'avantage d'être Dulcie, c'est ne jamais avoir à s'embarrasser du strictement réaliste. Elle est de celles à qui le saugrenu va si bien au teint. Paraît qu'elle tient ça de sa mère. Le silence est de plomb depuis que les portières ont claqué dans la nuit. Concours de circonstance, tous les deux sont restés derrière tandis que les filles filaient dans la pénombre, déposant des au revoir vaporeux sur des joues rougies. Dulcie, dans l'impossibilité d'emprunter le truck de son grand-père, s'est rendue à la grotte à pieds ; interminable marche à travers les conifères, Romantique de cambrousse solitaire entre chien et loup, exaltant sur l'aller mais valait mieux compter sur Sasha ou Kleio pour le retour. Sauf que Gutts Grove est si loin, tu comprends, bâillements sur paumes. La solution était toute trouvée. Lui, par définition serviable ; elles, par définition servies —et sous la veste de Dulcie, le haut-le-cœur agite un organe déjà bien trop accablé dans l'état. Armée de ses calculs approximatifs du pourcentage de batterie qu'il reste sur son téléphone pour faire office de lampe torche divisé par la distance à parcourir pour rentrer, le refus aurait été trop abracadabrant, trop difficilement justifiable, pour être valide. Par conséquent, sans croiser son regard, elle a hoché la tête. Éducation proprement pliée sur les coins, elle est polie jusque dans la détresse : oui, d'accord, merci.

Le silence est un obstacle entre eux qu'elle peut toucher. Tellement tangible qu'il mord toute la place sur la place du mort, que c'est lui qui l'a poussée si loin. Et c'est particulièrement étrange que leur mutisme parvienne à être si épais alors que Dulcie n'a pas fermé la bouche une seconde. Monologue sur l'histoire de l'orangeraie, luxuriant de détails, asséné dans un monocorde cristallin dont la fluidité parfaite ne laisse aucun doute sur le fait qu'il soit livré en pilotage automatique. Le volume est bas ; que Sohan puisse le mettre en muet s'il le souhaite, mais qu'il ne lui vienne surtout pas l'initiative absurde de lui faire la conversation. Car tout ce qu'elle pourrait trouver à lui dire —tout ce qu'elle a à lui dire— revient à aller droit au casse-pipe. Qu'il s'agisse des pansements de Sasha ou de l'éléphant dans la pièce, si lourd qu'il lui a enfoncé la cage thoracique, ça implique d'être stridente ou fébrile. Dans tous les cas, secouée. Vu que dans l'état, elle ne reste accrochée à la personne qu'elle souhaite être que par le bord d'un ongle, hors de question de s'aventurer sur le terrain du pertinent. Le cours magistral —dont ils ont décroché l'un comme l'autre il y a environ douze minutes— finit naturellement par s'essouffler. Elle, par contre, a du coffre. Du bout d'une langue aussi distraite que le reste de l'anatomie est en état d'alerte, Dulcie entonne un earworm logé dans le moindre creux de la fosse crânienne, les ongles claquant doucement la mélodie contre la portière. Le menton se décroche lentement de son poste d'observation, pivote. Elle rencontre le regard de Sohan dans le rétroviseur et est prise d'un accès brutal de mal des transports. (you think I'm crazy? i think you think i'm crazy, well i guess i am, i am certainly not a lady) La route se courbe. Les phares éclairent une intersection dans la végétation. Elle cogne la fenêtre avec une phalange pour désigner l'endroit. (you're not a diamond warrior, your feet grow roots into the earth) "Dépose-moi ici." L'orangeraie, à vol d'oiseau, n'est pas loin. D'après-midis languides tou(te)s ensemble au bord du petit lac sur le domaine, baptisé L'Étang avec un poil de moquerie affectueuse, elle sait qu’il le sait. Quatre miles. Quinze minutes de route. À pieds, une petite heure à travers la broussaille. La batterie est indubitablement à même de gérer ça. La voiture ne ralentit pas immédiatement ; elle se tourne vers lui dans un soupir. "C'est bon. C'est à côté. Elles n'auront pas besoin de le savoir." Meaning: Kleio n'aura pas besoin de le savoir. Ils l'entendent tous les deux. L'ironie de retenir contre lui exactement ce qu'elle reproche à leur adjudante-chef ne lui échappe pas. Dulcie le sait, pourtant ça n'en reste pas moins vrai. S'ils se retrouvent en huis clos —des mois d'efforts subitement ramenés à rien— ce n'est bien que parce qu'elle en a susurré l'ordre.
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Sohan Cadburry
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MessageSujet: Re: like wait for it (sohan)   like wait for it (sohan) EmptyDim 19 Avr - 20:48

Coutumier des bonnes manières et de la serviabilité dans ses strates les plus naturelles, Sohan se retrouve avec Dulcie pour passagère, ou son corps, accompagné d'un ersatz de livre audio qui connait son travail sur le bout des doigts. Ce n'est pas exactement qu'elle l'assomme, la nuance est toujours plus subtile, quoique sa curiosité étant proche du néant, il ne s'était jamais interrogé sur l'orangeraie, et n'avait, donc, pas de questions existentielles à combler sur le sujet. C'est toutefois chose faite, avec ce flot régulier de mots, joliment enfilés de fil en aiguille sans qu'il ne sache quoi en faire. Si l'ennui se trouve rangé avec la curiosité, il oscille sagement entre efforts pour la suivre et décrochages réguliers. A moins que ça ne soit précisément des accrocs puisque l'esprit fabule seul, trouve des adhérences dans des détails et s'y concentre ; fonctionne en échos régulièrement, à écouter plus les modulations de sa voix que les mots qu'elle forme, parce que ça ramène à d'autres horizons où résonnent des vers qu'il écoute avec la même oreille distraite. Pas certain d'être vraiment autorisé à les écouter attentivement, il remplit son rôle de décoration moderne en ayant toujours l'air légèrement distrait ; pas que ça ne l'intéresse pas mais plutôt qu'il a été clair dès le premier jour qu'on ne le tolère pas à visée poétique ou littéraire mais à visée bassement utilitaire, sois sage mais surtout tais-toi. Et elle enclenche ce mode instinctif, muet, décadent dans son attention aléatoire qui mémorise une phrase, six mots, ou trente secondes puis retourne vaquer à son oisiveté tranquille. Il imprime inconsciemment l'orangeraie dans les moindres détails, comme si ça avait une quelconque utilité, ou, comme s'il risquait d'y être subitement invité seul et qu'il doive s'y retrouver en connaissant tout l'historique de la moindre pierre : rêverie ubuesque qui ne connaîtra aucun accomplissement et il le sait parfaitement mais ça comble ce vide qu'elle creuse avec un acharnement rarement vu. Elle aurait aussi bien pu se contenter d'un don't even talk to me criant de vérité, ça n'aurait pas été plus clair que l'exploit qu'elle réalise mais l'un ou l'autre sont acceptables à son oreille. Elle tisse un malaise épais, à moins que ça ne soit lui qui, à chaque inspiration, étouffe un peu plus sans raison au point de perdre l'allant naturellement décontracté et serein. Le regard se borne strictement à la route, dans un effort surhumain pour ne pas prendre la température juste à côté de lui : vérifier qu'elle va bien tourne pourtant à l'obsession quand il constate qu'elle est prête à tout pour remplir l'habitacle d'un son continu – à l'inverse de sa présence physique qui elle frise l'absence parfaite. S'il ne l'avait pas frôlé involontairement au départ, et si chaque respiration ne goûtait pas son parfum, il pourrait croire à un canular à base de haut-parleur et d'enregistrement vocal. Le mental fait céder la raison obéissante, le regard fait un bref bond dans le rétroviseur et il faut que cela concorde à l'instant où elle fait de même. Empressement de retourner à la route, les phalanges se resserrent autour du volant, elle brutalise sans vraiment lui adresser la parole et sans le toucher sa volonté de satisfaire tout le monde, parce qu'il est évident que quelque chose dérange. Elle tape contre la vitre, l'arrache à sa fausse contemplation, et surtout lui offre l'excuse pour tourner brièvement la tête vers elle sans l'entremet du rétroviseur. Tout ça pour constater sa posture, attitude presque déjà rendue dehors même si la voiture roule. Face à l'absence de réponse, elle insiste, pointe le pire argument qu'elle puisse trouver dans sa bibliothèque, à en faire arquer un sourcil de sensibilité touchée. Un "non" monocorde lui est retourné, le refus est aussi catégorique que sa demande, parce qu'il refuse de la laisser échapper dans la nuit, et de rentrer chez lui sans savoir à quoi ressemble une traversée de la pampa avec une visibilité limitée. Claquemuré dans sa décision qui ne fléchira à aucune imploration aussi impérieuse soit-elle. Encore moins maintenant qu'elle l'a mis en face de quelque chose qu'il refuse strictement de voir assimilé à ce qu'il est : "Si je faisais ça pour qu'elles le sachent on se ferait des selfies incroyables Dulcie. Je le fais pour toi." Dans le fond il voudrait juste pouvoir s'arrêter sur le bas-côté, repasser au point parking pour voir si quelque chose pourrait sortir d'une tentative de dialogue—et il le ferait sans doute s'il ne la soupçonnait pas capable de se jeter dans la nuit juste pour avoir gain de cause. " Qu'est-ce qui ne va pas ?" Quitte à balancer dehors quelque chose, autant que ça soit sa sérénité plutôt que Dulcie qui ne fait qu'une avec la portière. Regard furtif, interrogateur dans l'obscurité  qui les nappe mais n'est plus franchement mère de sûreté. Pas qu'il attende un merci, c'est pas le genre d'échange dans lesquels il se répand avec elles. "Sinon tu vas finir par te défenestrer." Ou lui réciter l'étonnante histoire de la dernière paire de chaussures qu'elle a acheté, sans aucun doute.
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Dulcie Gutts
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MessageSujet: Re: like wait for it (sohan)   like wait for it (sohan) EmptyMar 28 Avr - 14:52

Les mots qui disent ont brisé le silence. Le monotone confortable car sécuritaire a laissé place, faute de nécessité, à de la (heaven help us) communication, et maintenant qu'elle lui a donné une chance de l'écouter, décrochant de son décrochage, et de lui répondre, Dulcie est consciente que le retour en arrière se positionne quelque part entre ardu et impossible. Armée de toute la hauteur de ses trois secondes et demi de recul, il devient apparent qu'il n'acceptera pas sa requête. Elle le sait et malgré cela, la négation de Sohan parvient à la froisser. Que la cause en soit orgueil —il ose lui dire non alors qu'elle a l'amabilité de vouloir lui simplifier l'existence— ou Grands Principes —elle sait mieux que lui ce qui est bon pour elle, thank you very much white knight— le résultat est couru d'avance : Dulcie tique. Se renfrogne en se drapant dans toute la projection de froide élégance d'une héroïne austenienne. L'ordre de sédimentation est crucial : tant que l'injure causée par le refus se trouve plus proche de la surface que la satisfaction secrète qu'il ne la laisse pas filer, l'édifice tient bon. "Très bien," exactement là où il l'attend, dans la petite provocation, elle glisse les doigts dans la poche de son sac et en ressort le téléphone, promptement ouvert sur l'appareil photo. Elle songe, trop tard, que le flash est une mauvaise idée. Que "éblouis sur la nationale" n'est pas du tout la nécrologie qu'elle s'imaginait pour eux —et Dulcie étant Dulcie, elle n'est pas du tout en mesure de déclarer sincèrement ne jamais en avoir imaginé d'autres. Il n'empêche : le flash se déclenche. Ils survivent. Le profil de Sohan s'imprime sur la lentille et dans son dossier photos, de façon délicieusement, illicitement permanente. Nez grec et mâchoire sculptée dans le marbre, inondés d'une lumière pâle qu'au lieu de considérer blafarde, Dulcie s'imagine être une parfaite reproduction du charme noir et blanc d'un jeune Gregory Peck. Portrait de sweetheart verrouillé dans le médaillon, une partie de lui qui lui appartient à elle et à elle uniquement, destinée à n'être partagée ni avec les filles, ni même avec le Sohan de chair et d'os ; temporairement moins intéressant que son effigie en deux dimensions car celui-là est doté d'une individualité, d'un tempérament, de parole, autant d'attributs qu'il utilise présentement pour la vexer. "Pour moi ? Sohan, tu n'as jamais rien fait pour moi." La voix est douce, calme, suffisamment pour permettre de masquer le reproche qui se cache peut-être —peut-être— derrière. Elle espère que sans en connaître le sentiment instigateur, il ne puisse pas lire à travers son indulgence de madone, permettant à Dulcie de conserver sa mystique à laquelle elle s'accroche telle... telle quoi, hm ? Dans la concentration dédiée à la solidité de sa persona, le simile lui échappe. "Tu le fais par habitude, par... par force d'inertie." Satisfaite d'avoir mis le doigt sur un Concept qui résonne de toute la force de l'argument d'autorité, sa main s'élève devant elle, esquisse un mouvement horizontal vers le pare-brise qui n'est, selon toute probabilité, une illustration claire de ses propos que pour elle-même. Dulcie continue de penser, dur comme fer ou comme la rigidité des schémas ancestraux, que Kleio partage la responsabilité. Qu'elle a été destinateur d'une quête à laquelle, né pour être un héros ou un martyr —tant est qu'il existe une différence entre les deux— Sohan s'est plié. Tellement rompue au roman qu'elle voit les plus simples évènements en terme de schéma actanciel, Dulcie fait de sa vie un conte dont il est terriblement embarrassant qu'il soit devenu le protagoniste. Encore plus qu'elle ne campe même pas le love interest. Tout juste la mad woman destinée à mourir tragiquement avant le cinquième acte. Sort écrit à même la génétique, car la pomme ne tombe jamais loin de l'oranger. "Non pas que je ne sois pas reconnaissante, mais quitte à avoir la courtoisie de me ramener, aie celle d'être sincère envers toi-même." Non fière de son petit exploit : elle est articulée, éloquente, bullseye dans le vrai, ni stridente, ni frénétique. Au contraire, s'exprime avec toute la gracieuse sagesse d'un oracle. Alors même qu'elle est tournée vers lui, son téléphone déposé sur la jupe, elle se voit d'en haut, un point de vue extérieur qui, satisfait par le comportement noble de sa pupille, hoche la tête avec bienveillance. Et grand bien lui fasse de savourer son déversement de maturité, vu la rapidité avec laquelle elle parvient à le ruiner. Faisant face à son chauffeur, Dulcie s'aperçoit que son attention est focalisée sur ses lèvres lorsqu'il les met en mouvement pour lui répondre et qu'elle est à même d'établir avec certitude que le premier son supposé les franchir est une consonne occlusive. Peut-être un P, ou un D. Très probablement, le lever de rideau d'une négation fatiguée, lâchée avec un tel taux d'indolence qu'elle refusera d'interpréter comme sincère qu'autant ne rien dire. Pour lui épargner l'effort —c'est la version officielle et elle s'y tiendra— Dulcie le double. Retourne son attention au paysage, or lack thereof, à sa droite et entonne précipitamment un refrain. Le premier qu'elle attrape au vol est le Joni Mitchell endormi dans le lecteur-cassette du pick-up de son grand-père. Oh but California, California I'm coming home, son soprano naturel qui rebondit contre la vitre, oppose spontané à naturel, n'éprouve aucun scrupule à grignoter ce qu'il restait encore d'intelligibilité dans l'habitacle.
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Sohan Cadburry
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MessageSujet: Re: like wait for it (sohan)   like wait for it (sohan) EmptyJeu 30 Avr - 9:02

Aveuglé un bref instant -Dulcie pourrait se vanter d'être un éclair dans la nuit-, le raisonnement boucle à vide alors qu'il fait de la rétention d'interrogation jusqu'à ce que la solution lui paraisse évidente et qu'il ne réalise qu'elle s'est appliquée avec un pointillisme peu ordinaire à prendre ses mots au pied de la lettre. "Tu veux me rendre la pareille, te prendre en photo avec mon téléphone pour que les time codes soient proches ? C'est important." Une brève rotation dans le dressing extraordinairement minimaliste des émotions qu'il peut exposer s'opère et si la stupéfaction a été contenu à son expression la plus discrète, l’œil change. Passe de sa rondeur d'incompréhension à l'amusement plus subtile qu'une note de tête volatile, parce que tout ça est tellement poussé que c'en est ridicule. Elle est trop solennelle, elle accapare tout le sérieux qu'est capable de contenir l'habitacle et lui s'en trouve démuni et pas moins surpris de rencontrer pareil rigidité alors qu'il n'y a plus personne pour la juger. Pas de Kleio planquée sur la banquette arrière pour siffler dans sa nuque si jamais elle avait une conduite que l'autre jugeait déplaisante pour ses pupilles.  Elle a ce don trompeur pour que le timbre de voix soit velours pour son oreille, à la condition exclusive de vidanger le sens de ce qu'elle dit. Parce que c'est toujours la même surprise aigre,elle tapisse le palais d'un piquant acide qui vient altérer la douceur de l'image savamment proposée. Elle force l'introspection d'un jamais qui ébranle les certitudes qui ferait vaciller la définition même de la serviabilité parce que si sa première envie est bien de soupirer et trouver sa défense (attaque ?) désagréable, il ne peut pas nier qu'il ne sait lui-même pas toujours pour qui il fait tout ça. Elles ? Lui ? L'ordre des choses dans l'univers ? Mais c'est sans compter sa minutie incroyablement lorsqu'il s'agit de broder un reproche : l'aiguille le pique. Il pourrait se coucher, retomber dans son mutisme en espérant qu'elle aura un nouveau cours magistral à lui offrir, mais la détermination à lisser le paysage chaotique d'une relation qui n'en est pas une est plus puissante que la nature passive. L'inertie, il ne manquait plus que ça pour insulter ce qui peut passer pour être pourtant parfaitement véridique. Mais la flexion se fait en sens inverse, provoque cette réaction amorcée dans le regard la minute d'avant et laisse passer ce qui s'approcherait le plus d'un rire étouffé chez Sohan. "Tu t'écoutes trop. Balle au centre Miss Gutts, j'ai commencé à le faire pour toi à partir du moment où tu as voulu que je te laisse." Fifty-fifty équitable qu'il trouve honnête parce que peut-être qu'il a simplement réagi de prime abord à la loi de la demande, que ça aurait pu être n'importe qui qu'il n'aurait pas agi autrement et aurait proposé de raccompagner avec la même placidité sereine. Et s'il nourrit l'idée -le fantasme à ce stade- qu'elle accepte de tendre la main au dessus du filet pour reconnaître ce match nul, il se voit bousculé par ce qu'elle parvient à placer d'un ton bien trop tranquille pour ne pas le heurter. La conscience commence à souffler qu'elle parvient à le mettre bien plus sous pression que ne pourrait le faire Kleio parce qu'elle, elle manipule les armes avec un air qu'il trouve presque angélique, tout du moins, vertueux et c'est bien plus inattendu qu'une énième crise d'hystérie dramatique. Il jette un bref coup d'oeil vers elle, embrasse la vision d'une Dulcie tournée vers lui comme si elle lui donnait le conseil le plus bienveillant de sa vie et ça achève de le perdre dans la traduction de son attitude. Dulcie Gutts son mystère, son point de souffrance, son incompréhension au visage délicat et aux mots inversement proportionnels. Elle excelle quand il s'agit de le mettre en difficulté, persuadé que jamais il ne parviendra à la comprendre ni même à la contenter. C'est pourtant pas faute d'essayer d'être le plus discret possible dans son paysage pour ne pas lui déplaire.  "De—" qui meurt fauché par le placement de voix léger qui réclame nécessairement silence. Ca aurait aussi bien pu être un depuis quand tu m'es reconnaissante pour quelque chose assassin ou plus défensif détrompe-toi. Parce que s'il y a quelque chose qu'il juge qu'on ne peut lui ôter c'est bien son honnêteté qu'il fait de son mieux pour entretenir même si elle réclame le plus souvent d'être passée sous silence pour éviter tout remous.  S'il pensait pouvoir tout prévoir, il n'aurait jamais été jusqu'à imaginer qu'elle pourrait lui arracher son droit de réponse avec des notes justes. Mais l'adaptabilité incarnée ne prend pas le temps de goûter l'outrage pour s'en offusquer qu'il veut bien s'adapter à ses choix tactiques aléatoires et lui retourner du I'm going to see the folks I dig plusieurs octaves en dessous pour l'accompagner. Pour ce qu'il a à perdre face à une Dulcie braquée (approximativement le néant) il ne redoute rien à lui donner un duo improviste sur ce qui fait partie des classiques sur lesquelles sa mère est encore capable de fredonner quand elle se croit seule. Qu'un petit  oh, will you take me as I am ne fera jamais de mal si elle a l'audace d'aller jusque-là et surtout que ça ne gâche rien du plaisir de lui rendre toute la déstabilisation qu'il éprouve à chaque fois qu'il y a moins de cinq mètres entre eux, qu'il tente désespéramment de bien faire et qu'elle lui claque en retour tout l'échec de son entreprise jamais assez bien pour elle.
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Dulcie Gutts
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MessageSujet: Re: like wait for it (sohan)   like wait for it (sohan) EmptyMer 6 Mai - 16:53

Très attachée à sa projection d'élégance victorienne, qu'elle imagine tout à fait capable de tenir les treize minutes restantes de trajet avant que les phares ne lèchent les premiers troncs de l'orangeraie, Dulcie maintient un port-de-tête aristocratique. Y compris lorsqu'il raille sa petite tentative de sarcasme et qu'elle se voit obligée de retenir son envie ô combien mature de grommeler "c'est iMpOrTaNt" dans un baryton bourru qui se voudrait une imitation bien peu fidèle mais convenablement insultante de la voix de Sohan. C'est ravaler la susceptibilité lorsqu'il l'accuse de trop s'écouter qui brûle, presque plus que l'affront lui-même. Qu'il y ait peut-être du vrai dans l'inculpation, elle choisit de le voir comme non pertinent. Ironiquement, elle n'écoute qu'à moitié ce qui suit, trop concentrée sur le coup qu'elle imagine avoir encaissé. Aussi facilement, il dévalue des propos qui, elle y tient, ont le mérite d'être vrais. La serviabilité de Sohan est performative, destinée à entériner une image qu'il veut véhiculer plutôt que rendre vraie. Romantiquement, Dulcie aurait voulu qu'il lui donne raison ou qu'il la contredise plus fort, et elle en serait presque trop occupée à reprocher à real-life Sohan de diverger de la version de lui qui n'existe que dans ses daydreams pour apprécier les reflets du Miss Gutts. Si le surnom est destiné à souligner ses maniérismes, elle s'en fiche, la coquetterie qui l'accompagne lui plaît tant qu'elle en parvient mystérieusement à apaiser la piqûre de ce qui précédait. Elle ne laisse pas les ripostes qu'il lui adresse entacher son tableau d'éloquent bon sens, s'y accroche avec ongles et dents —qui sont, dans les faits, représentés par un visage serein et deux mains sagement croisées sur les genoux. Même si ça relève en premier du bâillonnement, pousser la chansonnette n'est qu'une façon de plus de maintenir son contrôle de la situation qui, soumis à une longue plage de tête-à-tête confiné, a commencé à se fissurer. Puisqu'elle imagine mal Sohan élever la voix pour se faire entendre, la technique est supposée fonctionner tant que Dulcie s'offre le luxe de la faire durer. Il y a neuf autres chansons sur l'album. Six qu'elle peut se permettre d'improviser de tête. La route défile. C'est jouable. Sans se tourner vers lui, elle pense goûter à la surprise de Sohan, deux secondes à peine avant de s'étrangler avec la sienne. Une note déraille et se rattrape de justesse alors que la nuque efface l'angle qu'elle avait tracé entre eux. Le knee-jerk reflex qui s'est toujours figuré qu'antagoniser Sohan était la meilleure stratégie défensive le prend comme une attaque. S'en offense, mais durant moins d'un vers. Le cœur, qui n'a jamais été aussi violemment épris que depuis qu'il l'entend chanter, est plus indulgent. Par conséquent, plus éclairé. Il entend la camaraderie improvisée, romanesque grâce aux circonstances et irrésistible car il s'agit de Lui. Il entend une douceur qui souligne que la manœuvre n'est pas contre elle, n'a pas pour but de l'embarrasser. C'est bien pour ça que ça s'appelle chanter en harmonie. Dulcie se gaine contre les conclusions frénétiques tirées par un esprit porté sur les Signes et qui estime que, pseudo objectivement, they sound good together. Il connait sa chanson, et elle en est tellement ravie que toutes les métaphores qu'elle pourrait utiliser a posteriori pour déposer le moment sur papier s'avèreraient trop clichés, trop désuettement optimistes. Sasha en cringerait. Dulcie pose la joue contre l'appui-tête. L'attention est soudainement désinhibée quant au fait de lui être entièrement dédiée, car graver ce moment le plus authentiquement possible dans ses propres annales est tout à coup plus important que de maintenir sa hauteur. Sous la laine du pull qui gratte et réconforte, la poitrine se gonfle d'hélium. Elle ne l'a jamais trouvé plus charmant et pense pourtant le préférer dans son mutisme et son désintérêt, car il est plus facile dans ces conditions de le détester pour le temps qu’il lui fait perdre —malgré lui— et la torture constante à laquelle il la soumet. Ici, maintenant, tandis qu’il chante délicatement sa chanson (déterminant possessif indispensable, que, quelques heures plus tard et débriefant le moment dans son lit, elle sera prête à étendre vers lui dans une grandiose démonstration de générosité : leur chanson maintenant), il est plus facile de se souvenir que Sohan est un garçon tout entier. Qu’il existe en dehors des sentiments qu’elle éprouve pour lui et desquels il ignore tout, et qu’il est humain même quand elle n’est pas là pour soupirer devant l'humanité en question. La chanson se tarit après le second refrain. Le bridge est bloqué quelque part sous son front, facilement récupérable si seulement la voix de Sohan, secrètement célèbre pour endommager les capacités cognitives de Dulcie, n'avait pas écrasé le fichier. Il tient la note une seconde de plus qu'elle avant que le chœur ne s'éteigne. À défaut d'éclore en tant que son, le rire de Dulcie reste collé aux abords de sa bouche. Arrivés à l'embranchement, elle ne dit rien. Soulève seulement la main gauche pour lui faire signe de s'engager sur la plus étroite des deux routes sans songer qu'il se souvient peut-être du chemin. L'envie de réciter la page dulcipedia de l'industrie de l'orange sanguine dans la région est loin derrière. Là où son monologue précédent ne disait rien, le nouveau silence est loquace, luxuriant d'information. Elle le rompt comme la croute d'une crème brûlée ; timidement d'abord, puis trahissant l'appétit. "Quand j'étais petite, j'avais du mal à entendre la différence entre état et Etat. Par exemple, je demandais à mon père où se trouvait 'the state of despair' et il répondait 'oh, au dessus de l'Oregon.' En grandissant c'est devenu une running joke. Je rentrais de l'école, et il me demandait comment j'allais. Si je répondais Alabama, pas de problème, mais New Hampshire, gosh, il savait qu'il fallait sortir le cacao en poudre. Complètement arbitraire d'ailleurs," et la nostalgie amusée carillonne contre les cordes vocales. Elle se ternit lorsque surgit le souvenir des quatre mots porteurs d'angoisse, Mom's in Illinois again, échangés à travers les années au dessus de regards calmement affolés pour indiquer une nouvelle "crise." Bien qu'elle n'ait jamais été capable de s'en souvenir, de faire remonter l'archive avec suffisamment de conviction, Dulcie a une suspicion qu'il s'agit des derniers mots qu'elle ait jamais prononcés à son père, juste avant que ça ne tourne au carnage. "La Californie c'est une sorte de confort un peu—" elle cherche un mot qui voudrait dire dénué d'aventure, complètement prévisible, mais de la plus exquise des façons. Ne tombant pas sur l'adjectif dont elle a besoin, elle agite le poignet, comme si ça allait magiquement faire choir le mot exact de sa manche jusqu'au creux de sa paume. "Comme des draps propres. Ou retourner dans un endroit que tu n'as plus vu depuis des années et te rendre compte qu'en fait, il est exactement comme dans tes souvenirs." Ou comme Joni Mitchell avant qu'elle ne soit colorisée par le moment, déjà une histoire avant même d'avoir pris fin. En rétrospective, Dulcie sera bien incapable de dire ce qui a motivé le conte. Peut-être l'envie de lui confier, de force, une contrepartie à sa photo. Une partie d'elle qui ne serait qu'à lui. Maintenant que le géniteur est décédé, Sohan est officiellement, formellement, la seule créature dans la confidence. Lui et son regard croisé brièvement, qui ne révèle rien ou révèle tout le parfait flegme à l'intérieur, un mètre quatre-vingt d'Alaska. Mais elle sait qu'il l'écoute. Et elle, elle ne s'écoute plus.
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