of course i care (rhéa)

— teen attitude, teen problems.


one - adoptée à un an, rhéa est l'enfant d'un couple d'ado. ils ont bien essayé de l'élever mais quelques mois ont suffi pour les faire déchanter. alors ils l'ont abandonnée sans lui donner d'identité. c'est comme ça, ça fait rien. ça ne l'obsède pas mais ça l'attriste : parce que ceux qui l'ont adoptée pensaient ne pas pouvoir avoir d'enfant. et puis miracle, quelques semaines après maman tombe enceinte. enfant miracle, son frère a toujours été le préféré et elle l'enfant de trop. ils ont bien essayé de l'aimer comme l'un des leurs mais elle n'a jamais été suffisante. rhéa a grandi en se sentant étrangère dans sa propre famille, et son frère ne l'a jamais considérée comme sa soeur. ils se détestent, il profite de la moindre occasion pour lui rappeler qu'elle n'est pas une edelson. c'est con. il est con.

two - très vite à l'école, elle rencontre kovar. tous les deux deviennent amis, c'est une évidence, le destin, qu'importe. c'est eux. ils grandissent ensemble, jamais séparés, bras dessus bras dessous sans ambiguïté. mais avec l'adolescence, y'a des trucs qui se passent. il al regarde autrement, elle ne s'en rend pas compte. et puis quand elle voit l'autre fille ça la frappe comme une claque bien sèche en plein visage. depuis, elle n'sait plus trop comment se comporter, ça la rend folle à quel point elle est perdue alors qu'avant elle ne doutait de rien avec kovar.

three - le patinage c'est bien la seule chose pour laquelle ses parents veulent bien dépenser un sous pour rhéa. parce qu'elle est bonne, suffisamment pour que sa coach aille plaider sa cause sur le pas de sa porte quand les edelson ont voulu retirer rhéa de l'équipe pour économiser de quoi payer la fac de son frère. quand on leur a dit qu'un jour peut-être elle irait aux jeux (les jeux avec un grand o) ils ont tout de suite changé d'avis. mais c'est bien là la seule exception. rhéa s'entraine comme une folle, c'est sa passion, sa façon de penser à autre chose.

four - elle vise haut, grand, elle vise brown pour la fac. c'est super loin et super cher : loin, ça ne la dérange pas au contraire elle souhaite se tirer loin d'ici au plus vite et cher, ça c'est son plus grand problème. depuis qu'elle a l'âge légal pour travailler, elle bosse. elle trime le soir après les cours et le week-end. elle a été un peu tout : caissière, libraire, agent de surface, serveuse, plongeuse. récemment, elle a changé pour servir au sunshine house où elle fait la fermeture pour coincider avec ses entrainements ou ses révisions après les cours. elle a un rythme de fou, mais sa jeunesse l'aide à encaisser le coup. elle sert les riches, observe leur débauche, doit gérer les relou. ça la durcie quelque part, non ?

five - la médecine comme plan b, qui lui trotte toujours derrière la tête. elle a eu le déclic la première fois qu'elle a vu kovar branché à trop de machines. elle en a été persuadée quand elle n'a plus su compter le nombre de fois où elle est rentrée chez elle les yeux rougis d'avoir pleuré sur le chemin entre l'hôpital et la maison, pour ne pas qu'il se fatigue à s'inquiéter pour elle. l'injustice de ne pas avoir de traitement miracle, l'optimisme d'un jour en trouver un. elle a la délicatesse et la précision d'une patineuse qui lui ouvrent déjà des portes, ne reste plus que toute une vie d'études hors de prix.

six - elle a affreusement peur de l'eau, phobie qui la prend aux tripes même lorsqu'elle se trouve sur la rive d'un lac ou dans les gradins d'une piscine. jamais au grand jamais elle n'y mettra les pieds, quitte à mourir à soixante-quinze ans sans savoir nager. c'est non, un grand grand non. la faute à son frère qui l'année de ses onze ans a cru bon de vouloir savoir combien de temps sa soeur mettrait pour rejoindre la côte en la jetant de leur canoe en plein milieu du lac. la réponse est : jamais. heureusement que leur père s'est jeté à l'eau en la voyant sombrer bien trop loin du bord. réanimation, passage à l'hôpital, il s'en est fallu de peu mais elle a tenu bon. son frère lui, aura été puni de console de jeu pendant deux semaines. vilain garçon.

seven - elle a été amoureuse un fois, d'un type trop bien pour elle. trop beau, trop riche, trop charismatique, trop populaire. ils travaillaient ensemble sur un projet en espagnol, parce que la prof' l'avait séparée de cet idiot de kovar après les avoir surpris pour la cinquième fois du cours à discuter au lieu d'écouter. y'avait un truc entre eux, du moins c'est ce qu'elle a cru. turns out que ce mec avait fait le pari d'emballer la gentille rhéa : elle laisse pas les garçons indifférents avec ses grands yeux bleus, son sourire solaire, ses longs cheveux bouclés et ses justaucorps brillants de patineuse. mais elle joue l'inaccessible parce que toujours occupée. il lui a fait tellement de mal, quand elle l'a surpris en train de parler à ses potes. autant dire que kovar s'est occupé d'elle, en la ramassant à la cuillère... et de lui mais d'une toute autre manière. depuis, elle a du mal à faire confiance aux autres, surtout aux hommes qui l'approchent et qu'elle envoie balader systématiquement.

eight - gourmande, solaire, bonne vivante, ses parents apprécient ne pas avoir à faire trois repas différents pour combler les goûts de chacun. et les amis de rhéa la prennent pour une bonne mangeuse qui ne prend pas un gramme : la chanceuse ! la vérité est toute autre. pression intense pour rentrer dans son justaucorps, louées soient les silhouette filiformes dans le patinage artistique. bien malgré elle, rhéa est sujette à des attentes malsaines de la part de sa coach mais aussi simplement du milieu sportif du patinage. avant chaque grande compétition, ses troubles reviennent au galop. elle se fait vomir, après avoir avalé une quantité de nourriture qui fait presque rire ses proches. personne ne le sait vraiment. ça doit bien être son seul secret vis-à-vis de kovar. y'a que quelques personnes qui le savent. elle en a un peu honte, mais elle essaie de se soigner : sauf que seule, même après avoir fait plusieurs pas en avant, elle retombe toujours dans ses vieux travers quand la pression sportive revient.

nine - son frère voulait un chien, y'a quelques années, et ses parents ont craqué à son caprice. l'envie lui est vite passée quand il a compris tout ce qu'avoir un animal de compagnie demandait : corvées, attention, etc. du coup, c'est finalement rhéa qui s'en occupe le plus bien qu'il est devenu "son" chien. même chez elle, on en parle comme ça de buddy le golden retriever. un vrai bonheur mais aussi un vrai boulet par moments. elle ne compte plus le nombre de chaussures bouffées, ou de flaques douteuses dans lesquelles elle a marché en chaussettes. ou même combien de fois elle lui a couru après dans la rue après que sa laisse lui ait échappée. il a bon fond, il est juste pas très doué comme chien.

ten - elle ne sait plus sur quel pied danser avec kovar. et ça la bouffe, elle a l'impression de gâcher leur amitié en ayant l'estomac noué quand elle le voit maintenant. en doutant avant de lui attraper le bras, en ne sachant plus quoi faire quand il la soulève pour rire. tout allait bien avant qu'elle ne le voit s'intéresser à une autre et depuis, rhéa navigue en eaux troubles. meilleur ami ou plus, elle ne sait plus bien où ranger kovar et dieu sait qu'elle aime les choses bien ordonnées. l'organisation c'est la clef de la réussite : mais depuis quelques temps, kovar a mis le bordel dans sa vie. rhéa voit flou. c'est devenu trop fou. et elle a peur des prochaines heures, prochains jours, semaines, mois. elle qui ne s'était pas imaginée vivre sans son idiot de kovar, elle a soudainement l'impression de jouer à un jeu dangereux en prêtant attention à ces changements qu'elle ressent tout à coup.